Intervention de Laure Godineau dans le cadre du cycle « Histoire » de l’Université permanente.
Débats entre des spécialistes de l’histoire de la Commune, des révolutions du XIXe siècle et des mouvements ouvriers qui ont exploré les événements au prisme d’une histoire largement transnationale.
Danielle Tartakowsky. Le cimetière du Père-Lachaise où plusieurs centaines de communards, anonymes, tombés sous les coups de l’armée de Versailles, lors des derniers combats de la Semaine sanglante, furent inhumés à la hâte dans des fosses communes, situées au Nord-Est de son mur d’enceinte s’est imposé presque aussitôt pour celui des lieux qui résumait en lui la mémoire de la Commune et de tous ses martyrs.
Danielle Tartakowsky. «Le pèlerinage au Mur», ainsi nommé durant ses premières années d’existence, a d’abord mobilisé toutes les composantes politiques qui se disputaient l’héritage de la Commune, au prix, parfois, d’affrontements d’ampleur.
Corentin Lahu. «600 000 au Mur!»: la une de L’Humanité au lendemain du 24 mai 1936 donne le ton. Jamais dans l’histoire des célébrations de la Commune de Paris, une pareille foule s’était mobilisée. La portée de cette journée est exceptionnelle et annonce le grand mouvement social que s’apprête à connaître le pays. Dépassant largement le caractère traditionnel de ce rituel instauré en 1880 par les organisations ouvrières, cette manifestation est l’expression de la récente victoire du Front populaire.
Corentin Lahu. En 1929, la montée au mur des Fédérés prévue le 26 mai s’annonce agitée. Rompant avec son caractère traditionnel de cortège pacifique relevant de l’hommage aux morts, les communistes entendent cette fois l’inscrire dans une stratégie plus générale de conquête de la rue. Cette journée est émaillée d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre.
La Correspondance internationale est éditée et produite sous la responsabilité de l’Internationale Communiste (1919-1943) du 13 octobre 1921 au 26 août 1939. Alternativement bi-hebdomadaire et hebdomadaire, cette publication couvrait l’actualité internationale constituée par la vie politique, les mouvements sociaux, mais aussi l’activité des partis communistes, leurs sessions, et bien sûr la politique. Elle a fonctionné dans les conditions de l’entre-deux-guerres comme une sorte d’agence de presse du mouvement communiste international, première force politique qui, au 20e siècle s’est pensée comme un parti mondial.
Corentin Lahu. Organisée chaque année depuis 1880, la montée au mur des Fédérés revêt en 1921 un double intérêt. Au-delà de la commémoration du cinquantième anniversaire de la Semaine sanglante, il s’agit du premier rendez-vous organisé depuis la scission du congrès de Tours, qui a divisé socialistes et communistes. Cette journée devient dès lors pour le PCF une occasion de se mesurer à deux acteurs majeurs, avec qui ses relations sont conflictuelles. D’une part les socialistes, auxquels il dispute l’héritage de la Commune de Paris en se présentant comme le seul continuateur des traditions révolutionnaires du prolétariat français. D’autre part la puissance publique, qui impose un cadre contraint pour l’organisation des manifestations de rue.
«Les cheveux sont blancs, mais le corps est rouge»: l’Association des Vétérans et Amis de la Commune
La plupart des survivants de la Commune et de leurs soutiens décident de se réunir, à partir de 1882, au sein d’une organisation chargée de faire vivre la solidarité entre anciens communards. Cette association s’impose progressivement au sein du mouvement ouvrier et socialiste comme le gardien légitime de la mémoire de la Commune. C’est pourquoi, au moment de la scission de 1920 entre communistes et socialistes, elle est convoitée par le jeune PCF. Ce dernier, qui se présente comme l’héritier des traditions révolutionnaires françaises, tente d’imposer son hégémonie afin d’apparaître comme le seul continuateur de l’insurrection parisienne de 1871.
La révolution d’Octobre 1917 est interprétée par les communistes, en France comme en Russie, comme le prolongement de l’insurrection parisienne de 1871. C’est pourquoi dès sa fondation le Parti communiste français inscrit la Commune de Paris – dont il revendique l’héritage exclusif – dans une lecture enthousiaste qui annonce le triomphe de la «Commune russe» en construction puis de la « Commune mondiale » à venir. Dans cette optique, les vétérans de 1871, qui se rallient pour la plupart au communisme, jouent un rôle de premier ordre dans ce processus d’appropriation symbolique et de captation d’héritage.
Tangui Perron revient sur les diverses représentations cinématographiques de la Commune produites par le mouvement ouvrier français au XXe siècle.
Film en noir et blanc, muet, 20’36 min, réalisé par Armand Guerra et produit par la société coopérative Le Cinéma du Peuple. En libre accès sur le site de la Cinémathèque française.
Film en noir et blanc, sonore, 15 minutes, réalisé par le service cinématographique de la Fédération de la Seine du Parti socialiste et restauré par la Cinémathèque suisse.
Film en noir et blanc, sonore, 10’30 minutes, réalisé collectivement par une équipe de techniciens et d’artistes et restauré par la Cinémathèque suisse.
Film en noir et blanc, sonore, 25 minutes. En libre accès sur le site de Ciné-archives.
Documentaire amateur en couleur, muet, 11 min. de Roger Vuillemenot. En libre accès sur le site de Ciné-archives.
Documentaire inédit en noir et blanc, sonore, 8 minutes, attribué à Michèle Gard. En libre accès sur le site de Ciné-archives.
Le premier numéro des Cahiers du bolchevisme paraît le 21 novembre 1924. Cette nouvelle revue succède au Bulletin communiste, dont le fondateur et directeur, Boris Souvarine, vient d’être exclu du Parti communiste. Il est l’organe théorique du PCF et paraît avec une périodicité bimensuelle puis mensuelle. Après quelques numéros publiés clandestinement durant la guerre, il devient les Cahiers du communisme à la Libération.
Edité entre 1920 et 1924, le «Bulletin communiste» est l’organe du comité de la troisième internationale avant de devenir l’organe du parti communiste (SFIC) à partir du numéro 50 du 10 novembre 1921.
Dans cette Déclaration, le Conseil de la Commune de Paris expose ses grands objectifs politiques. Ce texte est alors adopté par l’ensemble des sensibilités qui composent l’assemblée communale.
À l’appel de Courbet, 400 artistes ont institué, le 14 avril 1871, une fédération des artistes qui proclame la liberté des artistes, la nécessité de conserver «les trésors du passé», le refus de «toute exhibition mercantile», le développement de l’enseignement artistique, la démocratisation des conditions de la création ou encore «l’inauguration du luxe communal».