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Face au nombre d’ateliers abandonnés par leur patron, un décret du 16 avril 1871 prévoit la convocation des chambres syndicales ouvrières pour constituer une commission d’enquête qui aura pour tâche d’établir un état des lieux, de préparer la remise en exploitation des ateliers par l’association coopérative des travailleurs qui y étaient employés et de définir les conditions d’indemnisation des anciens propriétaires. Il vise donc à permettre le redémarrage des activités économiques par l’autogestion en incitant les travailleurs à constituer des coopératives de production.

Journal officiel de la Commune de Paris, lundi 17 avril 1871

Paris, le 16 avril 1871.

La Commune de Paris,

Considérant qu’une quantité d’ateliers ont été abandonnés par ceux qui les dirigeaient afin d’échapper aux obligations civiques, et sans tenir compte des intérêts des travailleurs;

Considérant que par suite de ce lâche abandon, de nombreux travaux essentiels à la vie communale se trouvent interrompus, l’existence des travailleurs compromise,

DÉCRÈTE :

Les chambres syndicales ouvrières sont convoquées à l’effet d’instituer une commission d’enquête ayant pour but :

1° De dresser une statistique des ateliers abandonnés, ainsi qu’un inventaire exact de l’état dans lequel ils se trouvent et des instruments de travail qu’ils renferment;

2° De présenter un rapport établissant les conditions pratiques de la prompte mise en exploitation de ces ateliers, non plus par les déserteurs qui les ont abandonnés, mais par l’association coopérative des travailleurs qui y étaient employés;

3° D’élaborer un projet de constitution de ces sociétés coopératives ouvrières;

4° De constituer un jury arbitral qui devra statuer, au retour desdits patrons, sur les conditions de la cession définitive des ateliers aux sociétés ouvrières, et sur la quotité de l’indemnité qu’auront à payer les sociétés aux patrons.

Cette commission d’enquête devra adresser son rapport à la commission communale du travail et de l’échange, qui sera tenue de présenter à la Commune, dans le plus bref délai, le projet de décret donnant satisfaction aux intérêts de la Commune et des travailleurs

Dans le journal officiel du 25 avril 1871, on trouve une déclaration du syndicat des mécaniciens qui, considérant que « l’égalité ne doit pas être un vain mot » donne à leurs délégués l’instruction « d’organiser le travail par associations solidaires, à capital collectif et inaliénable ».