Roger Martelli
Historien.
Les effectifs communistes ont longtemps relevé du secret de parti et de ce que Philippe Robrieux, utilisant un mot de Jacques Duclos, a appelé la «politique du chiffre». Régulièrement, notamment à l’occasion des congrès, la direction annonce des nombres d’adhérents plus ou moins « gonflés », pour témoigner contre vents et marées de la bonne santé du parti.
Pendant quelques décennies, à l’instar notamment de Claude Harmel, d’Annie Kriegel puis de Philippe Buton[1], des estimations alternatives ont été proposées, très en retrait sur les chiffres officiels. Le dépôt par le PCF, en 2006, d’un classeur d’organisation – il porte sur la période 1954-1994 et n’était connu que du permanent qui le tenait à jour, du secrétaire à l’organisation et du secrétaire général – a permis, ainsi que d’autres archives de direction, de dresser un tableau plus fiable, jusqu’en 2009 tout au moins. Ces sources sont aujourd’hui conservées aux Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, à Bobigny.
Les chiffres fournis par ce classeur sont ceux des cartes «placées» (cartes remises aux adhérents), telles qu’elles sont déclarées par les fédérations départementales. Ils ne donnent donc qu’une image approximative des effectifs réels du parti et doivent être complétés par d’autres sources.
La plupart des données ci-dessous , entre 1954 et 1994, sont tirées de ce classeur. Avant cette période, elles proviennent de sources diverses, publications officielles et archives. Après 1995, les chiffres fournis sont ceux communiqués par la direction du PCF.
Les méthodes utilisées sont détaillées dans Roger Martelli, Prendre sa carte 1920-2009. Données nouvelles sur les effectifs du PCF, Fondation Gabriel Péri et Département de la Seine-Saint-Denis, 2010. Les cartes et graphiques ont été élaborés par l’Atelier Géomatique de la Direction de l’Aménagement et du Développement du Département de la Seine-Saint-Denis.
Extrait du classeur d’organisation
Première période (1913-1939)
1944-1953 : des chiffres aléatoires
Jusqu’en 1954, les chiffres -externes comme internes- sont imprécis, confondant cartes envoyées aux fédérations et cartes placées. La reconstitution des effectifs repose donc sur des hypothèses aléatoires, fondées sur quelques écarts révélés dans les archives. Le tableau ci-dessous porte sur la période 1944-1953: il a été établi à partir du carnet tenu par Auguste Lecoeur, responsable à l’organisation jusqu’à sa mise à l’écart et à son départ en 1954. Trois hypothèses ont été faites à partir de ces données.
Les années d’expansion (1954-1978)
Les dernières années de l’époque Marchais
Récapitulatif (1913-2009)
Chiffres officiels, chiffres «réels»
Les entrants et les «sortants»
Les «sortants»
La part de la région parisienne
Les entreprises
Adhérents et électeurs
Hiérarchies départementales
Représentations cartographiques
Pour aller plus loin:
[1] Philippe Robrieux, Histoire intérieure du Parti communiste, Fayard, T.II, 1982, p. 504. Claude Harmel, «L’évolution des effectifs du PC français depuis 1937», Est et Ouest, revue du BEIPI, n° 264, septembre 1962. Les premières estimations d’Annie Kriegel datent de 1966; elles sont reprises dans Le pain et les roses, PUF, 1968. Philippe Buton, «Les effectifs du Parti communiste français (1920-1984)», Communisme, n° 7, 1985