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En juillet 1920, le deuxième congrès de l’Internationale communiste (IC) a défini 21 conditions d’admission. Celles-ci seront largement évoquées lors du 19e congrès de la SFIO de décembre 1920 à Tours qui vote l’adhésion du parti à l’Internationale communiste. Nous vous proposons une retranscription de ces 21 conditions reproduites en annexe d’une brochure de 1933 qui reprend une étude sur l’épuration des partis communistes d’O. Piatnitski.

1. La propagande et l’agitation quotidiennes doivent porter un caractère effectivement communiste et se conformer au programme et aux décisions de la IIIe Internationale. Tous les organes de la presse du Parti doivent être rédigés par des communistes sûrs, ayant prouvé leur dévouement à la cause du prolétariat. Il ne convient pas de parler de dictature du prolétariat comme d’une formule apprise et courante, mais de la propager de manière qu’elle paraisse indispensable à tout ouvrier, ouvrière, soldat, paysan, sur la base des faits mêmes de la vie relevés journellement par notre presse.

La presse périodique ou autre et tous les services d’éditions du Parti doivent être entièrement soumis au Comité central que ce dernier soit légal ou illégal. Il est inadmissible que les bureaux d’édition abusent de leur l’autonomie pour mener une politique non conforme à celle du Parti.

Dans les colonnes de la presse, les réunions publiques, les syndicats, les coopératives, partout où les partisans de la IIIe Internationale auront accès, ils devront flétrir systématiquement et impitoyablement non seulement la bourgeoisie, mais aussi ses sous-ordres, les réformistes de toutes nuances.

2. Toute organisation voulant faire partie de l’Internationale communiste doit régulièrement et systématiquement écarter des postes tant soit peu importants du mouvement ouvrier (organisation de Parti, rédaction, syndicats, fraction parlementaire, coopératives, municipalités, etc.) les réformistes et les « centristes » et les remplacer par des communistes sûrs, sans craindre d’avoir parfois à remplacer, au début, des militants « expérimentés » par des ouvrier du rang.

3. Presque dans tous les pays d’Europe et d’Amérique la lutte de classes entre dans la période de guerre civile. Les communistes ne peuvent, dans ces conditions, se fier à la légalité bourgeoise. Ils doivent créer partout un organisme clandestin parallèle pouvant, au moment décisif, aider le Parti à remplir son devoir envers la révolution. Dans tous les pays où, par suite de l’état de siège ou de lois d’exception, les communistes n’ont pas la possibilité de mener légalement toute leur action, la concomitance de l’action légale et de l’action illégale est indiscutablement nécessaire.

4. Le devoir de propager les idées communistes implique le besoin particulier d’une propagande systématique et persévérante parmi les troupes. Là où elle interdite par des lois d’exception, elle doit se poursuivre illégalement. S’y refuser, c’est trahir le devoir révolutionnaire, chose incompatible avec l’affiliation à la IIIe Internationale.

5. Une agitation régulière et systématique dans les campagnes est nécessaire. La classe ouvrière ne peut consolider sa victoire si elle n’est pas suivie par une partie au moins des travailleurs agricoles et paysans les plus pauvres, et si elle n’a pas, ne serait-ce qu’en partie, neutralisé le reste de sa politique. L’action communiste dans les campagnes acquiert à notre époque une importance primordiale. Ce sont en premier lieu les ouvriers communistes, les révolutionnaires des villes et des villages se trouvant en contact avec la campagne, qui doivent mener ce travail. Se refuser à l’accomplir ou la confier à des demi-réformistes douteux, c’est renoncer à la révolution prolétarienne.

6. Tout Parti désireux d’appartenir à la IIIe Internationale a pour devoir de dénoncer aussi bien le social-patriotisme avoué le social-pacifisme hypocrite et faux, de démontrer systématiquement aux travailleurs que, sans le renversement révolutionnaire du capitalisme, nul tribunal arbitral international, nulle convention sur la réduction des armements, nulle réorganisation « démocratique » de la Société des Nations ne soustrairont l’humanité aux guerres impérialistes.

7. Les Partis désireux d’appartenir à l’Internationale communiste doivent reconnaître la nécessité d’une rupture complète et définitive avec le réformisme et la politique du « centre » et préconiser cette rupture à la masse des adhérents.

L’Internationale communiste exige impérativement et absolument cette rupture dans le plus bref délai. Elle ne peut tolérer que des réformistes avérés, tels que Turati, Kautsky, Hilferding, Hilquit, Longuet, MacDonald, Modigliani et autres, aient le droit de se considérer comme membres de la IIIe Internationale. Un pareil état de choses ferait ressembler par trop la IIIe Internationale à la IIe.

8. Les partis des pays dont la bourgeoisie possède des colonies ou opprime des nations doivent avoir, sur la question des colonies et des nationalités opprimées, une ligne de conduite particulièrement claire et nette. Tout Parti voulant appartenir à la IIIe Internationale a pour devoir de dévoiler impitoyablement les prouesses de « ses » impérialistes aux colonies, de soutenir, non en paroles, mais en fait, tout mouvement d’émancipation aux colonies, d’exiger que soient expulsés des colonies les impérialistes de la métropole, d’inculquer aux travailleurs de son pays des sentiments véritablement fraternels à l’égard de la population laborieuse des colonies et des nationalités opprimées et de menée dans l’armée une agitation systématique contre toute oppression des peuples coloniaux.

9. Tout Parti désireux d’appartenir à l’Internationale communiste doit poursuivre une action communiste persévérante et systématique dans les syndicats, les conseils d’entreprises, les coopératives et autres organisations de masse. Il faut, au sein de ces organisations, constituer des noyaux communistes qui, par un travail opiniâtre et constant, doivent les gagner à la cause du communisme. Ces noyaux devront révéler à chaque pas, au cours d’une action quotidienne, la trahison des social-patriotes et les hésitations du « centre ». Ces noyaux communistes doivent être complètement subordonnés au Parti tout entier.

10. Tout Parti appartenant à l’Internationale communiste doit combattre résolument l’« Internationale » des syndicats jaunes d’Amsterdam. Il doit préconiser avec insistance parmi les ouvriers syndiqués la nécessité de rompre avec l’Internationale jaune d’Amsterdam. Il doit soutenir par tous les moyens l’Union internationale des syndicats rouges en formation se ralliant à l’Internationale communiste.

11. Les Partis désireux d’appartenir à l’Internationale communiste doivent réviser la composition de leur fraction parlementaire, en écarter les éléments douteux, les soumettre, non en paroles, mais en fait, au Comité central du Parti, exiger de chaque député communiste la subordination de toute son activité aux intérêts de la propagande et de l’agitation vraiment révolutionnaires.

12. Les Partis appartenant à l’Internationale communiste doivent être édifiés sur le principe de la « centralisation » démocratique. À l’époque actuelle de guerre civile acharnée, le Parti communiste ne pourra remplir son rôle que s’il est le mieux centralisé, s’il y règne une discipline de fer confinant à la discipline militaire et si son organisme central est jouit d’une autorité souveraine et bénéficie de la confiance unanime des adhérents.

13. Les Partis communistes des pays où les communistes militent légalement doivent procéder à des épurations périodiques de leurs effectifs (repointage) afin d’en éliminer systématiquement les éléments petits-bourgeois qui s’y sont faufilés.

14. Les Partis désireux d’appartenir à l’Internationale communiste doivent apporter un soutien indéfectible à toutes les Républiques soviétiques dans leur lutte avec les forces contre-révolutionnaires. Les partis communistes doivent préconiser inlassablement le refus des travailleurs de transporter le matériel de guerre destiné aux ennemis des républiques soviétiques, et poursuivre, soit légalement soit illégalement, la propagande parmi les troupes envoyées pour étrangler les Républiques ouvrières.

15. Les Partis qui conservent jusqu’à ce jour les anciens programmes social-démocrates doivent les réviser sans retard et élaborer, conformément aux conditions spéciales de leur pays, un nouveau programme communiste conçu dans l’esprit des décisions de l’Internationale communiste. Il est de règle que les programmes des partis affiliés à l’Internationale communiste soient confirmés par le Congrès de l’International communiste ou par son Comité exécutif. Si ce dernier refuse de sanctionner le programme du parti intéressé, celui-ci a le droit d’en appeler au Congrès de l’Internationale communiste.

16. Toutes les décisions des congrès de l’Internationale communiste, de même que celles du Comité exécutif, sont obligatoires pour tous les partis affiliés à l’Internationale communiste. Agissant dans une situation de guerre civile extrêmement aiguë, l’Internationale communiste doit avoir une structure beaucoup plus centralisée que celle de la IIe Internationale. L’Internationale communiste et son Comité exécutif doivent, dans toute leur activité, tenir compte naturellement des conditions de lutte et d’action si variées qui se présentent aux divers partis et n’adopter de résolutions obligatoires pour tous que sur des problèmes qui les rendent possibles.

17. En rapport avec cet exposé, tous les partis désireux d’adhérer à l’Internationale communiste doivent modifier leur appellation. Tout Parti désireux d’adhérer à l’Internationale communiste doit s’intituler : Parti communiste de tel pays (section de l’Internationale communiste). Cette question d’appellation n’est pas une simple formalité, elle est d’une grande importance. L’Internationale communiste a déclaré une guerre décisive au monde bourgeois tout entier et à tous les partis social-démocrates jaunes. Il importe que la différence entre les partis communistes et les vieux partis « social démocrates » ou « socialistes » officiels, qui ont trahi le drapeau de la classe ouvrière, soit plus nette pour tout travailleur.

18. Tous les organes dirigeants de la presse de tous les pays doivent imprimer les documents officiels importants du Comité exécutif de l’Internationale communiste.

19. Tous les Partis appartenant à l’Internationale communiste ou sollicitant leur adhésion sont obligés de convoquer le plus rapidement possible, et, au plus tard, quatre mois après le deuxième congrès de l’Internationale communiste, un congrès extraordinaire qui devra se prononcer sur ces conditions. Les comités centraux doivent d’ailleurs veiller à ce que toutes les organisations locales prennent connaissance des décisions du deuxième congrès de l’Internationale communiste.

20. Les Partis qui voudraient maintenant adhérer à la IIIe Internationale, mais qui n’ont pas encore modifié radicalement leur ancienne tactique, doivent préalablement veiller à ce que les deux tiers des membres de leur Comité central et des institutions centrales les plus importantes soient composés de camarades qui, déjà avant le deuxième congrès, s’étaient publiquement et sans équivoque prononcés pour l’adhésion à la IIIe Internationale. Des exceptions peuvent être faites avec l’approbation du Comité exécutif de l’Internationale communiste. Le Comité exécutif se réserve le droit de faire des exceptions pour les représentants de la tendance du « centre » dont il est question dans le paragraphe 7.

21. Les adhérents au Parti qui rejettent en principe les conditions et les thèses établies par l’Internationale communiste doivent être exclus du Parti. Ceci concerne également les délégués aux congrès extraordinaires.