Femmes, féminisme et communisme entretiennent des rapports complexes, parfois tendus. Toutefois, à la naissance du parti, plusieurs féministes comme Madeleine Pelletier militent pour l’adhésion à la troisième Internationale prenant exemple sur la jeune Russie des soviets où «Le communisme est impensable sans la libération des femmes».

Ainsi la jeune SFIC, qui soutient activement les luttes des ouvrières comme les Sardinières du Finistère, présente plusieurs femmes aux élections alors qu’elles n’ont ni le droit de vote ni le droit d’être élues. C’est notamment le cas de Joséphine Pencalet à Douarnenez en 1925 ou de Marie Lefèvre à Ivry en 1929.

Malgré ces coups d’éclat, rares sont les femmes communistes dirigeantes: Suzanne Girault, qui a dirigé le PCF au milieu des années 1920, écartée ensuite n’est pas remplacée. Au Comité central de 1936, il n’y a qu’une seule femme : Marta Desrumeaux.

Si les militantes occupent des postes souvent de «petites mains», il n’en demeure pas moins que le parti promeut l’égalité civile et politique.

Ainsi, Fernand Grenier défend-il auprès du général de Gaulle l’obtention du droit de vote des femmes à la Libération.

Dans ce nouveau contexte, le PCF fait élire des femmes comme députées ou commissaires de la République ; citons entre autres, Denise Bastide, Madeleine Braun, Germaine François, Émilienne Galicier, Denise Ginollin, Lucie Guérin, Rose Guérin, Jeanne Leveille, Mathilde Méty, Raymonde Nedelec, Mathilde Péri, Gilberte Roca, Marcelle Rumeau, Hélène Solomon-Langevin, Marie-Claude Vaillant-Couturier et Jeannette Vermeersch.

Parallèlement, l’Union des Femmes françaises (UFF, née en 1944), défend la condition féminine, mais avec une posture très classique: «les femmes sont pratiquement toujours présentées comme épouses et mères».

Dans les mobilisations du PCF contre les guerres coloniales, c’est également au nom de ce statut de mère ou d’épouse que les femmes communistes sont conviées et mises en avant.

Pourtant, sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, avec l’ensemble des députés de gauche, le PCF vote les lois libérales en particulier celle sur l’IVG (loi adoptée grâce à l’apport massif de ces votes alors que les droites se divisent : quand les gauches modernisent les droites…).

Au cœur des années 1990, l’UFF disparait et au début des années 2000, le parti est dirigé par Marie-George Buffet, secrétaire nationale de 2001 à 2010 et ministre de la Jeunesse et des Sports du gouvernement Jospin (1997- 2002).

Surtout, le PCF ne prend pas suffisamment en compte les transformations de la société française au cours de l’après-guerre. S’il se rallie aux thèses du planning familial, il était un temps opposé à la contraception. C’est avec les organisations dites gauchistes et/ou féministes que les tensions sont les plus fortes.

1926, Archives nationales, programme Parprik@2F.

La semaine internationale des femmes présente ici les enjeux politiques conjoncturels liés à la hantise et la présence encore forte de la Première Guerre mondiale. Mais surtout derrière la dénonciation de la guerre, et de tous les thèmes attendus des années 1920, on peut saisir les représentations des femmes dans la culture politique du jeune PC et de la CGTU. Il s’agit d’abord de défendre la mère, la maternité, mais aussi les droits politiques des femmes qui restent exclues de la citoyenneté au sein modèle républicain.

1946, Archives du PCF – AD 93.

R. Frappier offre au PCF une série d’affiches pour les élections de 1946. Certaines intitulées «Un Français parle aux Français» (avec Maurice Thorez, Jacques Duclos, etc.) d’autres «Faites confiance au PCF» (ici «Femmes de France faites confiance au PCF, le parti des travailleuses, des mères, des citoyennes…»). Toutes s’adressent à l’ensemble de la société française au moment où le PCF est devenu la première force électorale du pays. Surtout, le parti met en scène et fait connaître au grand public ces nouveaux acteurs et ces nouvelles actrices, non seulement par des entretiens dans la presse communiste pour soutenir les candidatures communistes aux élections législatives. Il s’agit de poursuivre la promotion de femmes et d’hommes issus du peuple, de catégories sociales largement exclues de la vie politique française : ouvriers, paysans, femmes, jeunes, etc. Ici les femmes sont présentées autant comme actrice sociale de la vie du pays («ouvrières, paysannes, commerçantes»), que comme «mamans» ou «ménagères»…

1951, Archives du PCF – AD 93.

Réalisée pour les élections législatives de juin 1951, qui constituent après les tensions de 1947-1948, un véritable test politique pour le PCF, cette affiche s’adresse aux mères devenues citoyennes en 1944. Toutes les formations politiques de la Troisième force, qui s’élargit aux modérés non gaullistes, mettent en place une loi électorale particulière, celle des apparentements. C’est un système hybride où l’on maintient la proportionnelle, mais avec une dose de majoritaire. La complexité est liée au fait que chaque parti fait campagne sur son programme, mais qu’il peut, selon les modalités s’apparenter – d’où le nom de la loi – dans telle ou telle circonscription à condition qu’il présente des listes dans au moins 30 départements. Ainsi, les configurations peuvent varier d’un département à l’autre, mais le PCF n’accepte aucun apparentement et reste isolé. Afin de défendre la Paix, selon les logiques de la Guerre froide, il en appelle aux mères pour qu’elles défendent ce qu’elles ont de plus cher, leurs enfants…

1959, Archives du PCF – AD 93.

La fête des mères participe aussi de la propagande communiste. Ici, cette affiche pour le 31 mai 1959 stipule : « Mamans, le Parti communiste français vous souhaite bonne fête. Il est à vos côtés pour : défendre la santé et le bonheur de vos enfants ; lutter pour la paix en Algérie et le retour de vos grands fils ; la sauvegarde de la paix et l’amitié entre tous les peuples ; la défense des libertés et la rénovation de la démocratie ». Réalisée au début de la Ve République, elle garde des contours assez traditionnels, même si elle met l’accent sur la Paix en Algérie…

1969, Archives du PCF – AD 93.

Affiche de novembre 1969, qui renoue avec le texte et qui dénonce l’inégale répartition des richesses au début de la présidence de Pompidou. Alors que Jacques Duclos a réalisé un très beau score aux élections du printemps, le PCF dénonce « la vie chère » et s’adresse directement aux femmes qui font les courses de la famille : la « ménagère » demeure fortement présente dans l’imaginaire de la société et de la culture communiste.

1975, Archives du PCF – AD93.

Au cours de cette période qui consacre l’union de la gauche dans le cadre du programme commun de gouvernement («pour un changement démocratique, union du peuple de France»), le PCF développe l’idée de vivre autrement face à l’ère giscardienne caractérisée par les débuts de la crise économique. Il s’agit de mobiliser les femmes, non seulement lors de la fête du 1er mai, mais aussi pour le 7 juin, journée des rassemblements ou «rendez-vous de femmes avec le PCF» où George Marchais reçoit Angela Davis.

1978, Archives du PCF – AD 93.

Lors de cette manifestation à l’appel des fédérations de Paris et de la région parisienne du PCF et du Mouvement de la jeunesse communiste de France, il s’agit de défendre l’égalité des droits (« sous-payées, sous-qualifiées, ça suffit ») et surtout, pour les femmes, de réaffirmer le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Huit mille personnes défilent du boulevard du Montparnasse au carrefour Sèvres-Babylone à Paris (6e). Des slogans visent aussi le ministre délégué à la condition féminine : « Pelletier, où es-tu, les nanas sont dans la rue ». Le PCF revendique vingt mesures immédiates pour les femmes.

1988, Archives du PCF – AD 93.

Cette affiche pour l’élection présidentielle de 1988, en faveur d’André Lajoinie, insiste explicitement sur deux points : « l’égalité » et le « vote utile » pour contrer le vote en faveur de F. Mitterrand. Autre caractéristique de cette affiche, c’est sa ressemblance avec celle du PS éditée en 1986 qui est frappante : « je veux récolter ce que j’ai semé à gauche » (affiche de Daniel Robert, agence Suspens Advertising, coll. CAS/FJJ). Cela souligne l’entrée dans l’ère de la publicité et de la communication, même si le message reste profondément émancipateur.