Dès 1920, la naissance du PCF est indissociable de la Révolution russe. Par la suite, le rapport à l’URSS n’a cessé d’être au centre des références idéologiques, culturelles et politiques du parti même s’il a connu de nombreuses variations. À partir de 1927, il s’agit de défendre l’URSS contre le danger de guerre. Alors même que l’armée rouge a fait preuve de sa puissance, la thématique du risque de guerre contre l’URSS est remise à l’ordre du jour, à partir de 1948, dans le cadre de la guerre froide.
1945, Archives de la Jeunesse communiste.
La célébration de l’armée rouge participe du prestige de l’URSS qui, aux yeux des Français, est la force principale qui a assuré la défaite du nazisme. En février 1945, la guerre continue. Cette affiche met en scène un défilé de l’armée avec tanks et avions sous les murs du Kremlin. De son côté, le portrait de Staline entouré des maréchaux exalte l’unité d’une armée dont une partie des généraux entre 1937 et 1941 avait été liquidée. Désormais, l’Armée rouge contribue au prestige de l’URSS et à l’influence du communisme.
1948, Archives du PCF – Archives départementales de la Seine-Saint-Denis (AD 93).
À partir de 1947, c’est la guerre froide. À l’ONU, l’URSS fait face à des initiatives américaines qui visent à l’isoler. La politique étrangère soviétique et la coordination exercée par le Bureau d’information des partis communistes (Kominform, créé en septembre 1947) appellent à soutenir l’URSS dans le cadre d’un rassemblement anti-impérialiste. Le 1er octobre 1948, le PCF affirme solennellement que « le Peuple de France ne fera jamais la guerre à l’Union soviétique » et que « les Français ne seront pas les soldats des impérialistes américains ». Maurice Thorez reprend la formule dans différents discours et, au cours de l’année 1949, tous les partis communistes européens souscrivent à cette formulation.
1952, Archives du PCF – AD 93.
Si l’idée révolutionnaire n’a pas d’âge, elle trouve son accomplissement dans l’impulsion de l’Octobre russe et dans la puissance de l’Union soviétique. En 1952, pour le traditionnel anniversaire d’Octobre, Rival juxtapose de façon volontairement stylisée le rouge de la Révolution prolétarienne, la populaire colombe de la paix, la modernité industrielle et urbaine dont se réclame l’URSS ainsi que les figures rassurantes de Lénine et de Staline, pivots de l’identification communiste de l’époque.
1954, archives du PCF – AD 93.
Moins d’un an après la mort de Staline, le PCF organise un meeting public en l’honneur de Lénine, manière de montrer une fidélité affirmée par les dirigeants proches de Thorez. Celui-ci, après son retour, reste attaché au marxisme-léninisme sans opposer Lénine à Staline. En 1954, le PCF ne veut pas entendre les signaux qui, venus de Moscou, laissent entendre que le temps de l’adulation de Staline est en train de s’achever. Cependant, la valorisation de Lénine permet de réaffirmer l’identité fondatrice du PCF sans s’encombrer de l’héritage du « petit père des peuples ». Lénine reste le géant de la révolution, celui qui montre le chemin. Mais le peuple qui le suit n’est pas celui des baïonnettes de l’Octobre russe : c’est celui de la procession du 1er mai, pacifique et familiale. La puissance de l’URSS n’est-elle pas la condition essentielle de la paix ?
1956, Archives du PCF – AD 93.
À la fin de l’année 1956, pour cette affiche à laquelle a collaboré Georges Rival, l’accent est mis sur l’amitié entre les peuples. Après la secousse du 20e congrès de l’URSS, les références doctrinales sont laissées de côté et la dimension pacifique des relations entre l’URSS et la France est mise en avant au moment même où s’allument les incendies autour du canal de Suez et de la répression des mouvements démocratiques en Hongrie.
1961, Archives du PCF – AD 93.
La commémoration de la Révolution en 1961 se fait sous le signe du récent congrès du PCUS qui a relancé la déstalinisation et proclamé le projet d’édifier une société communisme dans les 20 prochaines années. L’optimisme est fondé sur les progrès technologiques symbolisés par la réussite spatiale soviétique avec l’envoi du premier homme dans l’espace.
1971, Archives du PCF – AD 93.
Entre 1968 et 1971, le PCF passe de la désapprobation de l’intervention soviétique en Tchécoslovaquie à l’acceptation de la « normalisation » brisant les espoirs initiés en France par le Parti communiste tchèque. Lors de la visite d’État de Brejnev, le PCF s’efforce de faire bonne figure. Les critiques émises en 1968 par Waldeck Rochet sont pour l’essentiel abandonnées. Le PCF accepte les explications fournies par les Soviétiques. Les années suivantes au cours du 22e congrès de 1976, une analyse critique conduit le PCF à prendre de nouveau ses distances.
Fac similé de l’ouvrage publié aux Éditions Sociales, 1978.
En octobre 1978, la publication de cet ouvrage collectif dirigé par Francis Cohen, responsable de la revue la Nouvelle critique, témoigne de l’évolution en cours au sein du PCF. Ce livre qui se présente sous la forme de contributions demandées à des chercheurs et des spécialistes de l’URSS reflète une prise de distance. La direction du parti l’accepte même si elle n’est pas toute à l’unisson de ces réflexions.