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Vendredi 1er mars 2024, 10h-16h30

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Centre Panthéon, salle 6
12, place du Panthéon 75005 Paris 

Présentation

La vie du philosophe Georges Politzer (1903-1942), exécuté au Mont-Valérien pour son activité dans la résistance, a été rythmée par ses différents combats. Combats politiques d’abord, de la révolution hongroise de sa jeunesse aux réseaux de résistance dans la France occupée par l’armée nazie, en passant par son importante activité militante au sein du Parti Communiste Français. Combats théoriques aussi, de sa défense du rationalisme face au mysticisme des penseurs nazis à sa conception de la psychologie concrète contre toutes les approches métaphysiques et spiritualistes du psychisme, celle du bergsonisme (« parade philosophique ») en tête.

Si le militant communiste et le résistant sont souvent célébrés et auréolés de la gloire des martyrs morts pour leur pays et leurs idéaux, le travail théorique de Politzer, interrompu trop précocement, demeure encore aujourd’hui mal connu et souvent ramené à un ensemble d’idées trop vagues et trop superficielles. Souvent lu mais moins souvent explicitement cité, Politzer appartient à cette catégorie d’auteurs dont personne n’ignore le nom mais dont on peine souvent à mesurer l’influence qu’ils ont eue sur leurs contemporains et sur les générations futures. Depuis une dizaine d’années, un travail de redécouverte de la pensée de Politzer a été engagé afin de montrer sa richesse et son actualité.

Cette journée d’étude et la publication qui doit en découler (un dossier dans La Pensée qui reprend les différentes interventions au colloque) entendent poursuivre ce travail et donner un aperçu des différents aspects des combats philosophiques de Politzer. Pour cela, il s’organise autour de trois axes :

  1. La défense du rationalisme, du matérialisme et de la tradition révolutionnaire des Lumières contre l’irrationalisme et « l’obscurantisme » mystique. De ce point de vue, le combat militant de Politzer est en même temps un combat philosophique qui trouve des prolongements jusqu’à notre époque. Cet axe engage aussi la compréhension du statut particulier de l’intellectuel communiste.
  1. La critique de la psychologie, aussi bien dans son versant spiritualiste et introspectif qu’empiriste et comportementaliste, grâce au concept de « drame » et à l’idée d’une « psychologie concrète », seule option permettant de comprendre le lien entre la personnalité individuelle et les structures économiques et sociales dans lesquelles elle émerge. Cette critique de la psychologie est aussi l’occasion pour Politzer d’être l’un des premiers à introduire l’œuvre de Freud en France et à en proposer une critique d’inspiration marxiste.
  1. La reprise et le prolongement des thèmes politzériens chez d’autres auteurs, à la fois chez les marxistes (Lucien Sève, Louis Althusser), chez les philosophes de l’après-guerre (Merleau-Ponty et Sartre) chez les psychanalystes (Lacan, Roudinesco, Muldworf) ou chez les psychologues. C’est alors l’occasion de montrer l’actualité et la pertinence des intuitions de Politzer en ce qui concerne les grands débats, passés et présents, qui agitent les sciences humaines et sociales.

Programme

Introduction à la journée d’étude : « Politzer à la Sorbonne : la tortue et la traversée du siècle » par Frédéric Fruteau de Laclos, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Session 1 : Combattre en philosophe et en communiste – animée par Stéphane Bonnet, Groupe d’Étude du Matérialisme Rationnel

  • Bernard Pudal, Université Paris-Nanterre, « Georges Politzer : “l’invention” d’un poste d’intellectuel communiste dirigeant ».
  • Claude Morilhat, GEMR, « Georges Politzer, le passage au matérialisme ».
  • Francis Combes, GEMR, « Georges Politzer, le courage de la philosophie ou la philosophie du courage ».

Session 2 : Influences et héritages de la critique politzérienne en sciences humaines – animée par Jean-Yves Rochex, Université Paris 8 

  • Benoit Lépinat, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, « La psychologie concrète de Politzer et son devenir dans le marxisme français ».
  • Alexandre Féron, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, « Merleau-Ponty et Sartre lecteurs de Politzer ».
  • Antoine Duarte, Université Toulouse Jean Jaurès, « Une investigation de la vie dramatique de l’homme : la psychodynamique du travail comme prolongement actuel du projet de psychologie concrète ».

Conclusion de la journée d’étude par Stéphane Bonnéry, Université Paris 8, Directeur de La Pensée et Benoit Lépinat, Université Paris 1.

 

Organisation : Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, laboratoire HIPHIMO ; revue La Pensée avec le soutien de la Fondation Gabriel Péri.

Lire le compte-rendu du colloque dans l’Humanité

Relire Politzer aujourd’hui, tribune de Frédéric Fruteau de Laclos