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L’Humanité, le 2 février 2023.

Tribunes contre la réforme des retraites Borne-Macron

La mobilisation des salariés du privé et du public, des jeunes, lycéens ou étudiants, des chômeurs, des retraités, à l’appel des organisations syndicales et de jeunesse, est soutenue par toute la société.

 

Le choix de l’approche comptable contre les alternatives

Louise Gaxie, directrice de la Fondation Gabriel-Péri

C’est une fois de plus au monde du travail de payer l’addition de la dette Covid générée par le « quoi qu’il en coûte » d’alors. Si, pendant les crises sanitaires et financières, les objectifs d’austérité budgétaire consubstantiels aux critères de Maastricht peuvent être « assouplis » pour sauver les marchés financiers, ils finissent toujours par reprendre le dessus, au détriment des populations, des services publics et des systèmes de protection sociale. En témoigne le programme de stabilité 2022-2027 présenté par le gouvernement français en juillet 2022, qui fixe comme objectif principal le retour du déficit public sous le seuil des 3 % d’ici à 2027 grâce à des « réformes structurelles », notamment dans les secteurs de l’assurance-­chômage et des retraites.

Cet objectif s’inscrit dans l’obsession dogmatique des néolibéraux pour la compression des dépenses publiques dans lesquelles sont incluses les prestations sociales. Il s’agit d’augmenter la masse des capitaux disponibles pour les marchés financiers. Vu que les cotisations des actifs viennent financer directement les besoins (retraites et pensions, allocations chômage et maladie, etc.), l’on comprend mieux les attaques incessantes contre ce système démarchandisé et, pour tout dire, révolutionnaire qu’est la Sécurité sociale.

Il s’agit d’augmenter la masse des capitaux disponibles pour les marchés financiers. 

Cette approche budgétaire et comptable annihile la possibilité de choix démocratiques. Alors que l’allongement de la vie est une chance dont on devrait se saisir pour repenser radicalement le travail, sa place dans l’existence et l’articulation des temps de la vie, le seul champ de réflexion avancé pour la « réforme structurelle » consiste à choisir la nature du sacrifice imposé : travailler plus longtemps et/ou diminuer le montant des prestations.

Il existe pourtant des alternatives qui permettraient d’assurer la pérennité financière du système comme son amélioration pour le plus grand nombre : augmenter les salaires et réaliser l’égalité salariale entre les hommes et les femmes, développer l’emploi, y compris public, remettre à plat les exonérations de cotisations sociales, moduler celles des entreprises et augmenter significativement celles des grands groupes, ou encore faire cotiser les revenus du capital considérés, aujourd’hui, comme intouchables.

C’est d’autant plus légitime que les déficits montés en épingle par le gouvernement sont en réalité limités et hypothétiques. Quant au poncif de l’équilibre démographique entre actifs et retraités, il passe totalement sous silence les gains de productivité réalisés et la légitimité de pouvoir décider démocratiquement de leur affectation. C’est en fait le débat de fond qui relève d’un choix de société. Que voulons-nous faire de cette création de richesses ? Continuer à alimenter la sphère financière ou répondre aux besoins, comme celui de pouvoir profiter, en bonne santé, d’une « nouvelle étape de la vie », selon la définition d’Ambroise Croizat ?

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