Sommaire
Informer, s’informer
- Présentation
- Être journaliste, par Patrick Kamenka
La liberté d’informer, pilier de la démocratie, le pluralisme des courants de pensée sont clairement menacés. Non pas seulement après l’attentat sanglant de janvier 2015 contre Charlie Hebdo, mais aussi du fait qu’en France, en cette deuxième décennie du XXIe siècle, il n’existe pratiquement plus de médias nationaux indépendants des puissances d’argent (hormis l‘Humanité, La Croix, Politis, Le Canard Enchaîné et Médiapart). Quelles propositions peuvent permettre qu’enfin les médias soient « au service de la démocratie et ne soient plus des instruments au service du contrôle des esprits » ? Quel rôle aussi donner aux lanceurs d’alerte dans la défense de la liberté d’expression ? Quelques-unes des problématiques abordées dans cet article.
- Concentrations des médias : les milliardaires vous informent !, par Michel Diard
Les médias, en France, sont devenus la propriété des plus grandes fortunes du pays. En moins de dix ans, de nouveaux venus, Patrick Drahi, Vincent Bolloré ou Bernard Arnault, ont dépensé des sommes folles pour contrôler l’information et répondre à leurs intérêts particuliers, ceux de la classe des nantis.
- Formation des journalistes et déstabilisation du modèle salarial, par Samuel Bouron
La formation des journalistes s’effectuait auparavant « sur le tas ». Puis des diplômes se sont multipliés dans un contexte de massification de l’enseignement supérieur, si bien que le passage par une école est devenu la norme pour entrer dans la profession. Cette inflation du nombre de diplômes a entraîné une forte concurrence entre les établissements, les conduisant à s’ajuster toujours davantage aux logiques d’employabilité et aux attentes des entreprises de presse. Plutôt qu’une protection favorisant une relative autonomie professionnelle, le développement d’un marché des écoles de journalisme a participé à précariser le métier et à brouiller les frontières entre le journalisme et la communication. Autrement dit, la scolarisation de la profession a favorisé la mainmise du patronat sur la définition des postes de travail. - Critique des usages de l’information, à l’heure du tout-numérique, par Laurent Etre
L’âge du tout-numérique véhicule une contradiction : d’un côté, l’information circule plus aisément, et son partage sur Internet remet en cause la logique marchande ; d’un autre côté, Internet étant aujourd’hui sous hégémonie de grands groupes capitalistes (Google, Facebook…), le contenu qui s’y déploie est davantage perçu comme « données » à valoriser sur le marché que comme « informations » méritant éventuellement d’être discutées dans l’agora démocratique. Il n’y a aucune fatalité dans cette situation. Il s’agit juste d’engager un travail critique sur les usages des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), en adoptant le point de vue de l’émancipation humaine, et en portant une conception exigeante de ce qu’est une information.
- Un pouvoir algorithmique ?, par Jean-Claude Paye
La dernière Loi sur le Renseignement autorise l’installation de boites noires chez les fournisseurs d’accès Internet, permettant la saisie administrative de l’ensemble des métadonnées des ressortissants français. Leur traitement algorithmique permettrait d’accéder directement au réel des individus, sans que la question de la vérité puisse être posée, puisque le langage est hors champ. La loi, de caractère surmoïque, efface toute négativité et prétend posséder un savoir absolu sur le réel des individus. Elle se pose ainsi comme l’instrument d’un pouvoir totalitaire.
Le cours des idées
- Quelle « démocratie » participative en Algérie ?, par Maha Messaoudene et Karima Messaoudi
L’objectif de cet article ne vise pas une interrogation sur l’usage du concept de la participation citoyenne dans le secteur de l’urbanisme et de la politique de la ville. Notre intention est plutôt d’essayer de voir son application à travers un cas concret. L’exemple est celui de la requalification participative du centre historique de la ville de Skikda. Cette initiative est directement liée à la prise de conscience par les pouvoirs publics et les habitants de la ville de la nécessité de réinvestir des centres urbains en difficulté mais à fort potentiel de développement. - À quoi sert l’Otan ?, par Nils Andersson
Avec le « concept stratégique pour le XXIe siècle », adopté en avril 1999, l’Otan montre sa volonté de devenir une organisation militaire mondialisée capable de contourner le droit de veto au Conseil de sécurité. Sa mission est la défense des intérêts idéologiques, politiques et économiques de l’Occident et d’imposer, partout dans le monde, le néolibéralisme et l’économie de marché. C’est par la guerre (froide ou chaude), qu’elle peut légitimer son existence et son rôle. Une autre politique de sécurité et de défense est possible. L’objectif : faire prévaloir le multilatéralisme et la culture de la négociation dans les relations internationales et donner à l’Onu toute sa légitimité pour agir en cas de menace contre la paix.
- Les criminels financiers commettent-ils des crimes parfaits ?, par Frédéric Compin
Les criminels financiers commettent des crimes et délits financiers avec une facilité si déconcertante que les équilibres économiques et sociaux sont remis en cause. Dotés d’un savoir-faire immatériel et de connaissances comptables et juridiques, les criminels financiers utilisent leurs armes intellectuelles pour accomplir en toute impunité des actes opérationnels dans des territoires non coopératifs comme les paradis fiscaux..
Confrontations
- Alerte ! La démocratie a perdu son sens premier de « pouvoir du peuple », par Laurent Etre
Revue des Revues
- Sur quelques revues « vertes », par Patrick Coulon
Vie de la Recherche
- Quels médias pour quelles politisations populaires ?, par Vincent Goulet
- Diderot, Balzac et la physiologie de l’amour, par Marian Skrzypek
- Hommage à Aliette Geistdoerfer (1943-2015), par Émilie Mariat-Roy
- La foi peut-elle être critique ?, par Pierre Gibert
ISBN : 978-2-37526-001-2, n°385, Janvier-mars 2016