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La pensée n° 359 – Enjeux européens

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Juillet/septembre 2009

Sommaire

Dossier: Enjeux européens

  • Pas d’Europe sociale sans réorientation de la BCE – Yves Dimicoli
    La Banque centrale européenne (BCE) est au cœur du système de pouvoirs qui a conduit l’Union européenne à sombrer dans la crise financière, puis dans la récession, derrière les États-Unis, au lieu de s’en protéger. Cette construction connaît, désormais, une crise telle que le changement des règles, critères et priorités de la politique monétaire de la BCE, comme de sa gouvernance et de son contrôle est à l’ordre du jour. Il n’y a pas d’Europe sociale possible sans une profonde réorientation de cette institution.
  • Un marché transatlantique impérial – Jean-Claude Paye
    Le futur grand marché transatlantique est d’abord un projet politique et non une simple construction économique. Que ce soit en matière pénale ou commerciale, cette structure s’appuie sur la primauté du droit US sur le sol de l’ancien continent. L’exercice de la souveraineté des autorités étasuniennes sur les populations européennes et la légitimation de ce pouvoir par l’Union sont ainsi les conditions de la mise en place de nouveaux rapports de propriété et d’échange : transformer les données personnelles en marchandises et libérer ce grand marché de toute entrave.
  • L’idéologie européenne – Aymeric Monville
    L’idéologie européenne est l’abstraction même, une idéologie non seulement contre-révolutionnaire mais véritablement « contre-historique ». Dans la propagande pro-européenne, outre les erreurs factuelles, nous ne trouvons que des généralisations vagues auxquelles se mêlent de gigantesques mensonges par omission. Ici, l’omission la plus grave, laquelle constitue un véritable révisionnisme, c’est la portée de la Révolution française en Europe, qui a vu l’affirmation de la République et d’une idée de la Nation fondée sur le progrès.
  • Le mépris de la production matérielle ou le grand refoulé européen – Laurent Etre
    En 2000, l’Union européenne s’est dotée d’une stratégie, dite « Stratégie de Lisbonne », se fixant pour objectif de devenir d’ici 2010 « l’économie de la connaissance la plus compétitive du monde ». L’échec économique de ce projet, dans le contexte de la crise actuelle du capitalisme mondialisé, n’entame cependant pas la détermination de l’Union à faire de la connaissance en général, confondue avec l’information dans la notion d’« immatériel », un marché lucratif. Cette volonté va de pair avec un dénigrement du travail dit « matériel » et des travailleurs « productifs ». La mobilisation de ceux-ci est donc plus que jamais requise pour avancer vers une société post-capitaliste. A cet égard, comme le montre un retour sur la pensée du tchécoslovaque Radovan Richta, la réflexion marxiste sur le progrès scientifique et technique a pu faire preuve d’ambiguïté.
  • Europe et laïcité. Peut-on parler de « laïcité européenne » ? – Jean-Paul Scot
    En Europe, la laïcisation progressive et inégale des anciens États confessionnels soutenus par l’Église catholiquea généralisé les régimes des « cultes reconnus » respectueux du pluralisme religieux et a abouti parfois à la séparation des Églises et des États. Aujourd’hui, certains contestent la « laïcité à la française » au nom d’une « laïcité européenne » : ils opposent à la séparation la simple autonomie du religieux et du politique afin de mieux faire reconnaître le rôle public des religions en tant que ressource spirituelle, culturelle, éthique et même politique.

Le cours des idées

  • Charles Parain et l’histoire – Claude Gindin
    En 2008, un colloque a judicieusement associé André Leroi-Gourhan, André-Georges Haudricourt et Charles Parain. Ce dernier (1893-1984), le moins connu des trois, fut à la fois historien et ethnologue. L’article étudie la place de la recherche historique dans son œuvre, autour de trois thèmes principaux : histoire rurale, histoire des capacités humaines, conception d’ensemble de l’histoire des sociétés. Il retrace le chemin par lequel Charles Parain a voulu pénétrer la pensée de Marx, en utiliser l’apport et en vérifier les hypothèses.
  • Des églises pour regagner les ouvriers – Yves-Claude Lequin
    Entre 1945 et 1968, les régions industrielles françaises voient s’édifier plus de 1500 églises et temples nouveaux. En plusieurs étapes : églises modernes, « en majesté », vers 1950-60 ; églises sobres aux formes arrondies dans les ZUP vers 1960 ; bâtiments préfabriqués après 1964 ; quasi arrêt en 1968 ; reconversion du bâti à partir de 1990. Fin d’un symbole millénaire, les clochers disparaissent vers 1960. Ces édifices sont des objets techniques socialement signifiants, car si les Eglises chrétiennes s’adaptent aux flux (démographiques et géographiques), elles sont au cœur d’affrontements sociaux, notamment symboliques.
  • Los Angeles ou l’urbanité contre la société – Frédéric Moulène
    L’oeuvre de Mike Davis est à présent disponible en français. Elle explore notamment les nouvelles tendances qu’ont prises ses dernières années les grandes métropoles américaines comme Los Angeles. Cela va bien plus loin que la seule aggravation des seules inégalités, en effet c’est l’unité urbaine elle-même qui semble menacée. D’une part l’espace public se privatise, d’autre part des émeutes, parfois très violentes, s’y déclenchent et font l’effet d’une rébellion généralisée des groupes marginalisés contre d’autres identifiés par eux comme nantis, lesquels réagissent à leur tour en exigeant encore plus de sécurité.

Confrontations

  • L’enseignement de la « construction européenne » – Benjamin Landais, Pierre Yaghlekdjian
    Depuis une décennie, l’Union européenne occupe une place grandissante dans les programmes de l’enseignement français et, par conséquent, dans les manuels scolaires. L’histoire de l’Europe est ainsi réduite à celle de la construction institutionnelle des communautés. Cette inflexion va de pair avec les efforts des partisans de « l’Europe politique » pour la promotion d’une « identité européenne ».
  • Foucault, penseur sceptique Yvon Quiniou
    Paul Veyne a écrit sur celui qui fut son ami et son collègue au Collège de France un livre lucide qui dissipe divers malentendus mais offre aussi des arguments pour critiquer l’œuvre de ce penseur. Michel Foucault apparaît comme un sceptique résolu pour qui il n’est point de vérité objective. Si son œuvre reste émancipatrice, l’heure est peut être venue non de l’oublier mais de la démystifier.

Vie de la recherche

  • L’Homme ? Un grand livre engagé – Isabelle Garo
  • La démocratisation des liens familiaux – Françoise Hurstel

Documents

  • Discours du président du Paraguay, Fernando Lugo, au Forum social mondial

Livres

Comptes rendus par Daniel Bachet, François Bartosz, Anicet Le Pors, Jean-Pierre Jouffroy, Jean-Paul Scot, Yves Vargas, André Narritsens, Jean Broussal.

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