Les sociologues Guy Michelat et Michel Simon nous présentent leur minutieux travail d’analyse et de réflexions, à partir d’une enquête commandée par la revue La Pensée et la Fondation Gabriel Péri en juin 2010 (réalisée par la Sofres).
Il s’agissait alors de mesurer les conséquences sur la société française de la crise débutée en septembre 2008, un an après l’accession de Nicolas Sarkozy à l’Elysée. On remarquera qu’à bien des égards, elles vont à l’encontre de nombre d’idées reçues. Ainsi, et pour ne prendre ici qu’un seul exemple, le recul des attitudes autoritaires, des comportements discriminatoires (homophobie, islamophobie, racisme) est significatif.
Mais les auteurs nous montrent bien davantage. Ensemble, pendant près d’un demi-siècle, ils ont scruté et commenté à intervalles réguliers des enquêtes du même type. De sorte que sur de nombreuses questions on observe, sur la longue période, des évolutions notables qui ne manqueront pas de surprendre le lecteur.
Ainsi du recul sensible de la « popularité » des mots capitalisme, libéralisme, bourse, …
Ainsi, également, et c’est peut-être le plus frappant, de la montée en puissance du désir de changement et des attitudes critiques, notamment à l’égard des partis et responsables politiques, jugés trop à distance des préoccupations concrètes des citoyennes et des citoyens, alors, autre enseignement, qu’ils ont le sentiment de vivre de plus en plus mal.
Au fond, Guy Michelat et Michel Simon attirent notre attention sur ce qui travaille en profondeur la société française et dont résulte non pas une espèce de renoncement à la transformer mais, au contraire, des attentes renouvelées et exigeantes afin d’y parvenir.
Dans un moment d’affrontement politique très vigoureux, l’étude de Guy Michelat et Michel Simon mérite d’être regardée de près, et tout particulièrement par celles et ceux qui briguent les suffrages des Françaises et des Français.