L’Indepaz, institut d’études pour le développement et la paix, publie un rapport spécial sur les assassinats politiques perpétrés depuis la signature des accords de paix en Colombie en 2016. Il informe particulièrement sur ce qu’il se passe depuis l’élection de Iván Duque devenu président en août 2018. Opposé à l’accord de paix, il est proche des milices paramilitaires responsables de certains de ces assassinats. Alors que le pays connaît depuis novembre 2019, un mouvement social important contre les réformes engagées par le gouvernement, la violence politique redouble d’intensité :
- Depuis la signature de l’accord de paix entre le gouvernement national et les FARC-EP jusqu’au 15 juillet 2020, 971 dirigeants sociaux et défenseurs des droits de l’homme ont été assassinés.
- Depuis le début de l’année 2020 jusqu’à la mi-juillet, 166 dirigeants sociaux et/ou défenseurs des droits de l’homme et 36 anciens combattants des FARC-EP qui ont signé l’accord de paix ont été assassinés.
- Pendant la pandémie de Covid19, des dirigeants ont été assassinés. Ainsi, du 6 mars (date à laquelle le premier cas de Covid-19 a été enregistré en Colombie) au 15 juillet, 95 dirigeants sociaux et/ou défenseurs des droits de l’homme ont été assassinés et 82 depuis le confinement national du 23 mars 2020.
Sur la base de ces données, l’institut présente des propositions à mettre en oeuvre de toute urgence :
- Le renforcement des organisations sociales et des mécanismes d’autoprotection des communautés tels que : les gardes indigènes, paysans.
- Des pactes régionaux de non-violence et contre la stigmatisation promue par les conseils territoriaux et d’autres espaces institutionnels dans le système de la participation et des garanties de sécurité.
- Le respect intégral des accords de paix et la mise en œuvre participative des plans de développement avec une approche territoriale.
- La mise en œuvre urgente de ce qui est défini au point 4 de l’Accord de paix final, donnant une réponse à environ 250 familles qui ont exprimé leur volonté de participer au Programme national global de substitution et de développement alternatif (PNIS), à savoir l’éradication des cultures de coca et de pavot ainsi que des programmes visant à résoudre les problèmes structurels dans les campagnes. 99 000 familles ont signé un contrat avec le gouvernement depuis 2017.
- La suspension de l’éradication forcée de la coca dans ces territoires et l’exécution des pactes sur les soins immédiats et les premiers programmes de réforme rurale dans leur première phase.
- La définition d’un plan humanitaire d’urgence et de revenu pour 100 000 familles qui ont réalisé l’éradication forcée sans aucun plan social de transition vers des activités économiques légales.
- Un plan d’investissement social d’urgence pour les jeunes et les femmes avec leur intégration massive dans les programmes éducatifs et les projets productifs et culturel
- Le strict respect des engagements pris envers les anciens combattants en termes de formation et de réinsertion pour leur intégration socio-économique et politique dans la légalité.
- Le respect des engagements politiques et sociaux pour la mise en œuvre intégrale des accords signés par le gouvernement avec les communautés des territoires en proie à de graves conflits (Buenaventura, Chocó, Tumaco, Cauca, Bajo Cauca, Catatumbo, Guaviare, Cumbre Agraria, Minga Indígena).
- Face à la recomposition des groupes armés et au narco-paramilitarisme, il est nécessaire d’opérer une révision des stratégies et du fonctionnement du système de garantie de la sécurité, y compris de la Commission nationale pour les garanties de sécurité.
- Un plan de lutte contre la corruption qui engage tous les agents de l’État, les entreprises et les organisations de la société civile à réduire et à prévenir toute complicité, collaboration ou collusion avec des économies illicites et la dynamique violente pour l’appropriation des ressources publiques et des entreprises légales ou illégales.
- Renforcer la protection des ex-combattants dans le processus de réincorporation et toutes les mesures de l’accord.
En savoir plus sur le site de l’Indepaz : ici.
Et sur Twitter : #PazParaLiderar