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Colloque, mercredi 30 octobre 2019

Auditorium de l’Hôtel de ville de Paris

Organisé avec l’Initiative Féministe Euromed (IFE-EFI)

Même si les droits des femmes et l’égalité entre les sexes sont devenus des idées plus largement partagées qu’auparavant, elles tardent à devenir une priorité politique, intégrée dans les politiques publiques ainsi que dans les programmes des organisations – partis, syndicats, associations – du mouvement démocratique. Pourquoi ce constat ? Quels sont les obstacles ? Quelles stratégies construire pour faire avancer les droits des femmes ? Le colloque a abordé ces réflexions à travers trois sessions. Les interventions sont disponibles en audio et en pdf pour certaines. 

Présentation

Le féminisme aujourd’hui est multiforme et foisonnant, au-delà de cette diversité, il porte l’engagement tenace pour la place des femmes, leur liberté de disposer de leur propre corps et de choisir leur propre vie, leur choix de mouvement et d’action dans l’espace public, leur liberté, la promotion de l’égalité réelle entre les femmes et les hommes dans la sphère publique et privée, composante indissociable de la démocratie.

Les femmes restent les premières à subir les conséquences désastreuses des politiques ultralibérales, à assumer les coûts les plus lourds de l’occupation et des conflits. L’ampleur des violences est désormais connue mais reste ignorée par les politiques de sécurité des États. Le système patriarcal continue de sévir dans tous les pays et tous les types de sociétés. Selon le rapport d’ONU-femmes, « Traduire les promesses en actions : l’égalité des sexes dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 » (2018), les femmes sont la majorité des pauvres, des analphabètes, des victimes de violences, ou de mauvais soins. Elles sont écartées des lieux de pouvoir politique, économique et financier. Les organisations démocratiques  continuent largement d’analyser le monde comme s’il était peuplé d’êtres humains neutres et d’occulter le fait qu’une moitié de l’humanité est dominée par l’autre.

Même lorsqu’elles se définissent comme féministes, les organisations – partis,  syndicats,  mouvements associatifs – n’approchent jamais la domination de genre et l’oppression des femmes comme une priorité ou comme un sujet politique de plein rang quand ils analysent les sociétés. Les « questions » des femmes sont confiées à une commission spécialisée.

Même si l’égalité entre les sexes est devenue une idée plus largement partagée, elle tarde à devenir une priorité politique, intégrée dans les politiques publiques ainsi que dans les programmes des partis y compris des partis démocratiques.

C’est pourquoi la Fondation Gabriel Péri et l’Initiative Féministe Euromed, ont organisé un colloque conçu comme espace commun de travail et de dialogue avec les mouvements démocratiques de pays européens et méditerranéens. Il a permis de mettre en relation les réflexions et actions féministes avec le champ  politique à travers trois sessions :

  1. Constat et universalité des modèles ;
  2. Obstacles et freins à la prise en compte des droits des femmes et à l’entrée en responsabilité des femmes ;
  3. Partage d’expériences positives et stratégies de progrès.

Interventions au colloque

Allocutions d’ouverture

  • Hélène Bidard, adjointe à la Maire de Paris – Égalité Femmes/Hommes, lutte contre les discriminations et Droits Humains:

« Les mouvements féministes sont entrés dans une phase intense d’intervention politique à l’échelle mondiale et, malgré de fortes résistances, également en France.
Les deux années passées, auront été celles de la prise de conscience mondiale de l’ampleur et de la diversité des violences faites aux femmes. Elles ont été des centaines de milliers à prendre la parole, dans le monde entier contre les violences sexistes et sexuelles. 

Dans plusieurs pays, comme l’Argentine, l’Espagne, la Pologne, l’Irlande, de puissants mouvements pour la légalisation ou la défense de l’avortement se sont soulevés ces dernières années. Tantôt victorieux, tantôt non, ils ont tous laissé des traces, forgé des convictions et de nouvelles portes voix du féminisme. »

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  • Louise Gaxie, Fondation Gabriel Péri:

« le progrès démocratique ne peut se réaliser sans une participation effective des femmes aux processus et organes de décision à tous les niveaux de la société. Il ne peut se réaliser sans une reconnaissance pleine et entière de leurs droits. Cela vaut pour le monde politique, institutionnel, mais aussi dans le monde du travail et bien sûr dans la sphère privée.
Rappelons quelques chiffres concernant la France. Depuis les dernières élections législatives de 2017, 224 femmes siègent à l’AN soit 39 % du total des députés, un chiffre historique pour la France. (…)
Beaucoup reste aussi à conquérir dans le monde du travail, qu’il s’agisse des inégalités salariales – selon les modes de calcul, les salaires des femmes sont inférieurs entre 18 % et 24 % à celui des hommes -, des inégalités face au type d’emploi : 76 % des emplois à temps partiel sont occupés par des femmes. »

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  • Leila Al Ali, co-présidente Initiative Féministe EuroMed (IFE-EFI) (en anglais):

Table ronde 1 : Constat des problèmes, chiffres et expériences.

  • Claire Serre-Combe, Membre de la commission Femmes-mixité de la CGT.

« s’il n’est plus possible en 2019 de dire qu’on est contre les revendications féministes, certains continuent de faire perdurer l’idée d’une hiérarchie des luttes, et d’une pensée magique qui revient à dire quand nous en aurons fini avec la lutte des classes, que les classes sociales seront abolies (selon une logique marxiste), alors nous aurons atteint l’Égalité avec un grand E. »

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  • Zeina Hilal, Responsable du programme de partenariat entre hommes et femmes, Union Interparlementaire (UIP).

« le sexisme, le harcèlement et la violence à l’encontre des femmes parlementaires sont bien réels et répandus. Ils laissent présumer que le phénomène ne connaît pas de frontières et existe, à des degrés différents, dans tous les pays du monde, touchant un nombre significatif de femmes parlementaires. 
Les résultats obtenus révèlent des niveaux de prévalence inquiétants, en particulier en matière de violences psychologiques qui s’avèrent les plus généralisées et concernent 81,8 pour cent de répondantes de tous les pays et de toutes les régions. Parmi ces violences psychologiques, 44,4 pour cent des sondées ont signalé avoir reçu des menaces de mort, de viol, de passage à tabac ou d’enlèvement pendant leur mandat parlementaire. »

Rapport « Lignes directrices pour l’élimination du sexisme, du harcèlement et de la violence à l’égard des femmes dans les parlements« , 2019.
Bulletin thématique « Sexisme, harcèlement et violences à l’égard des femmes parlementaires« , 2016.

  • Lilian Halls-French, co-Présidente Initiative Féministe EuroMed (IFE-EFI).

« L’égalité, la pleine citoyenneté des femmes, en d’autres termes la démocratie sont aujourd’hui à l’agenda. Mais de quelle démocratie parlons-nous  alors que tous les témoignages – de la Jordanie à la Suède, de l’Irak à la Géorgie, de la Croatie à l’Égypte, du Maroc au Pérou – nous donnent une indication claire de l’universalité du système de domination et du contrôle des femmes.  Elles  sont  exclues des lieux de pourvoir, privées des décisions qui engagent leurs propres vies et le sort de leur pays, elles sont  absentes des  pourparlers de paix, des arènes de négociation. (…)
Dans le monde les femmes occupent  moins de 20% des sièges dans les parlements, environ  10 % des postes de responsabilité dans les partis, alors qu’elles constituent entre 40 et 50 % des adhérents.  En avril 2019  sur 193 pays, 26 étaient dirigés par des femmes. »

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débat avec la salle:

Table ronde 2 : Les freins et les obstacles.

  • Geneviève Couraud, Vice- présidente de l’Assemblée des Femmes.

« Partout où la loi n’est pas assez contraignante (législatives, sénatoriales, EPCI), il n’y a pas de parité (scrutin uninominal, par exemple). La France est au 18ème rang mondial (octobre 2017) pour la parité. Partout où il n’y a rien, c’est la chasse gardée des mâles.
Pour les parlementaires, 39,2% de députées, 31,3% de sénatrices. Pour les exécutifs : les mairies, les départements et les régions, malgré un scrutin favorable de liste ou par binôme, ne portent pas de femmes à la 1ère place, et l’on compte 16% de femmes maires, 7,5% de présidentes d’intercommunalité, 10% de présidentes de départements, 17% de présidentes de régions. 
92% des intercommunalités sont présidées par un homme : ne cherchez pas où se situe le pouvoir ! »

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  • Maya Alrahabi, Directrice exécutive du centre d’études féministes Moussawa (Syrie).

« Le nombre de détenus dans les prisons du régime est estimé aujourd’hui à 8000 femmes et 250 filles. 
Les manifestations pacifiques se sont transformées en conflit armé entre le régime et les révolutionnaires. De nombreuses puissances régionales et internationales sont intervenues. Les factions terroristes, qui se sont infiltrées en Syrie, ont pratiqué la violence contre les femmes autant que le régime. Pendant cette période, les femmes ont été utilisées comme otages par toutes les parties pour échanger des prisonniers, et le viol a été utilisé comme une arme pour intimider et humilier l’adversaire. »

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  • Gloria Alarcon, Forum de Politica Feminista (Espagne).

Table ronde 3 : L’égalité, composante intrinsèque du progrès social. Expériences positives et pistes de progrès.

  • Mana Livardjani, Directrice du Réseau des fondations politiques en Europe ENoP :

« Si l’on observe une augmentation de la proportion des femmes à des postes importants dans les gouverùents et les parlements – plus de 30% en 2019, ce qui est un record depuis 2007, selon les données de l’Institut européen pour  l’égalité entre les hommes et les femmes (EIGE) -, les portefeuilles demeurent genrés. Plus de 40% des femmes ministres sont chargées des dossiers socio-culturels (santé, éducation, affaires sociales, emploi, famille, culture, sports). (…) Moins de 20% de femmes sont à la tête de partis politiques (et moins d’1/3 occupent des postes de direction). »

Présentation powerpoint

  • Mounira Hammami, Secrétaire générale de l’AFTURD (Tunisie).

« Le 6 mai 2018, les premières élections municipales font parvenir 47% de femmes aux conseils locaux (dont 20% sont élues comme présidentes de conseil).
Arrivent les élections législatives de 2019 ! Nouveau combat, nouvelles mobilisations pour inclure, comme l’exigeait le nouveau contrat politique et social le principe de parité horizontale dans le code électoral qui a pourtant connu d’autres amendements, mais  cette révision relative à  la parité n’a même pas été examinée !
Résultat : 14% sont têtes de listes ! Un recul notoire pour le taux des femmes élues au nouveau Parlement : à peine  23% !« 

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Débat avec le public:

Conclusions et recommandations :

  • Alain Obadia, Président de la Fondation Gabriel Péri :
  • Lilian Halls French :

En partenariat avec :

Avec le soutien de la Commission Européenne