Le jeudi 12 octobre 2017, la Fondation a eu le plaisir de recevoir Issa Ndiaye, philosophe, professeur des universités, président du Forum civique (Mali), et Michèle Leclerc-Olive, chercheure au CNRS, auteure de l’ouvrage collectif Anthropologie des prédations foncières. Entreprises minières et pouvoirs locaux, publié sous sa direction aux éditions des archives contemporaines en 2017, pour une rencontre sur la situation politique, socioéconomique et sécuritaire au Mali.
Présentation
Depuis 2012, l’insécurité persiste au Mali. Si l’occupation par les groupes armés rebelles et islamistes a été endiguée au nord, la région de Kidal demeure toujours le théâtre d’affrontements entre groupes armés indépendantistes et milices d’autodéfense qui reconnaissent l’autorité de Bamako et sont hostiles à toute forme de partition du pays. Des groupes extrémistes liés au terrorisme djihadiste ont étendu leurs actions à l’ensemble du territoire malien.
Le dispositif sécuritaire formé par la force française barkhane, la force onusienne de la Minusma et l’armée malienne est sous le feu des critiques. Des tentatives régionales sont en cours pour répondre à la prolifération des organisations terroristes dans le cadre d’un G5 Sahel signant l’échec des mécanismes préexistants, comme le CEMOC.
Conclus au printemps 2016, les accords d’Alger n’ont pas créé les conditions d’un retour à la paix sur le terrain. Dès le départ, ils ont été perçus par beaucoup comme imposés de l’extérieur, faisant la part belle aux velléités indépendantistes, tout en renonçant à traiter des questions de fond qui minent la société malienne : crise politique, démocratique et institutionnelle, captation des richesses par des minorités au nord comme au sud, impunité, trafics illicites qui alimentent l’insécurité et les rivalités.
Comment regagner la paix dans de telles conditions et alors que le régime politique de Bamako, le président et son gouvernement mécontentent la population malienne ? En place depuis les élections présidentielles de 2013, ils ne sont parvenus ni à rétablir la sécurité et ni à relancer le développement. La colère des populations semble s’être cristallisée dans l’opposition à la révision constitutionnelle qui devait être soumise par référendum cet été. Face l’ampleur d’une contestation spontanée mais aussi organisée, celui-ci n’a pas eu lieu. Le pouvoir en sort encore affaibli.
Dans ce contexte mouvementé, les grands enjeux structurels sont laissés de côté, au premier rang desquels la question foncière jugée pourtant comme prioritaire dans la résolution des conflits, et qualifiée de bombe sociale à retardement.
Pour nous éclairer sur ces questions, la fondation Gabriel Péri a le plaisir de recevoir deux invités : Issa Ndiaye, philosophe, professeur des universités, président du Forum civique, et Michèle Leclerc-Olive, chercheure au CNRS, qui présentera l’ouvrage Anthropologie des prédations foncières. Entreprises minières et pouvoirs locaux, publiée sous sa direction aux éditions des archives contemporaines en 2017.