Groupe d’études du matérialisme rationnel (GEMR)[1], sous la direction d’Yves Vargas
Ce volume porte sur les penseurs « conservateurs et réactionnaires ». De Luther à Fukuyama, de Burke à de Gaulle, n’est-ce pas là un inventaire à la Prévert ? Qui est réactionnaire en France sous la Restauration ? Les républicains pour les monarchistes, et inversement. Et dans la Russie post-soviétique ? Les libéraux ou les communistes, selon le « sens » qu’on insuffle à l’Histoire.
Nous avons regardé les systèmes de pensée depuis le lieu du peuple, de la populace, de la multitude, des laissés pour compte, des sans-voix, de ceux dont les souffrances et les vexations exigent qu’ils soient émancipés, qu’ils aient droit à la parole, à la reconnaissance, au partage, au pouvoir même. On pouvait alors appeler « conservateurs » ou « réactionnaires » ceux qui refusent l’émancipation du peuple et le remettent à « sa place », quittes à le mettre à mal.
Cette optique a des accents de « morale politique », certes, mais l’exigence morale est aussi une force qui peut devenir politique. Elle est l’un des accès du peuple à la politique, l’autre étant les besoins matériels. Dire que les réactionnaires traitent le peuple de façon indigne , qui engendre « l’indignation », c’est aborder la théorie politique du point de vue de la « politique populaire ».