C’est au sein des Jeunesses socialistes, en 1917, que Gabriel Péri, jeune méridional issu de la petite-bourgeoisie, fait ses premières armes politiques. Convaincu du bien-fondé de l’adhésion à la IIIe Internationale, il est de ceux qui rejoignent les rangs communistes dès 1920. C’est cette même année que Péri renonce à poursuivre ses études, usant de tout son temps libre pour son activisme politique.
Cette activité inquiète les autorités, promptes à imaginer des « complots » communistes et à réprimer les militants. Ainsi, Péri connaît l’expérience carcérale à plusieurs reprises au cours des années 1920.
On le voit sur cette photographie avec une partie de l’équipe dirigeante du PCF dans la prison de la Santé : on distingue notamment Paul Vaillant-Couturier (assis au premier rang), puis de gauche à droite Pierre Lacan, Péri lui-même, Maurice Thorez (portant le journal l’Enchaîné), André Marty… Emprisonnés en 1929, ces militants paient leur action contre la guerre coloniale du Rif, menées plusieurs années auparavant, au temps de la « bolchevisation » du parti.
Le PCF est l’organisation politique la plus réprimée de la IIIe République.
Si Gabriel Péri ne fut jamais présent dans le premier cercle des dirigeants du PCF, il ne faudrait pas négliger sa position de responsable politique. Membre de la direction des Jeunesses communistes, puis du comité central du parti, il est poussé vers la sortie de cet organisme en 1929. Néanmoins, il retrouve cette position trois ans plus tard, comme suppléant. Titulaire en 1937, il ne la quitte plus jusqu’à sa mort. Entre autres charges, Péri a la responsabilité d’une partie du travail en direction des travailleurs immigrés, particulièrement ceux issus de l’immigration italienne, nombreux dans sa ville d’Argenteuil.
L’une des grandes épreuves à laquelle est confrontée le PCF au cœur de la période du Front populaire est la Guerre d’Espagne. Soutenant la République face à la rébellion militaire, les communistes français se retrouvent au cœur d’un gigantesque effort de solidarité internationale, allant du volontariat armé au travail politico-humanitaire. Ici Péri est photographié lors d’une de ces innombrables quêtes vouées à porter secours aux républicains espagnols. Lui-même se rend plusieurs fois en Espagne, pays qu’il avait déjà visité en 1931 et en 1934, alors que l’insurrection de « l’octobre asturien » venait d’être écrasée.
Suscitant l’intérêt de Maurice Thorez, soumis à la rude critique d’autres responsables, Gabriel Péri, intellectuel dans un parti ouvrier, occupe une place singulière et fragile. La nouvelle orientation de Front populaire (1934-1939) lui permet cependant d’exercer pleinement ses talents au service de son parti.