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Entretien publié dans l’Humanité, le 12 septembre 2008

Jean-Marie Bockel, secrétaire d’État à la Défense et aux Anciens Combattants.

 

Quel est le sens de votre présence à la Fête de l’Humanité, pour l’inauguration de l’exposition consacrée à Gabriel Péri ?

Jean-Marie Bockel. Lorsque Robert Hue, président de la Fondation Gabriel-Péri, et mon ancien collègue et ami au Sénat, m’a proposé de venir inaugurer cette exposition à la Fête de l’Humanité, j’ai tout de suite accepté. Dans le cadre de mes fonctions, j’ai en charge la conduite de la politique de mémoire. Cette politique s’appuie sur un certain nombre d’opérateurs, parmi lesquels les fondations qui jouent un grand rôle pour la transmission du souvenir des événements de la Seconde Guerre mondiale. C’est au travers de partenariats de ce type entre mon ministère et la Fondation Gabriel-Péri que nous pourrons toucher un plus grand nombre de personnes et remplir notre mission en faveur du devoir de mémoire.

Quel est votre regard sur l’homme Gabriel Péri ?

Jean-Marie Bockel. Gabriel Péri est bien sûr notre éponyme héros de la Résistance communiste, immortalisée par la poésie d’Aragon. C’est un martyr de la Résistance. Il est aussi un journaliste clairvoyant, visionnaire, qui perçoit dès 1938 la montée des périls et qui fait les bons choix en matière de politique étrangère. Il voit les conséquences de la démission des démocraties face à la montée du nazisme. À travers son activité de journaliste, il contribue à alerter l’opinion publique. À la commission des affaires étrangères où il siège dans la Chambre du Front populaire, il rayonne par son expertise dans le domaine des questions internationales, phénomène assez rare pour l’époque où le personnel politique est assez inexpérimenté en la matière. Gabriel Péri, par-delà ses positions et les débats qui agitent le Parti communiste français à cette époque, incarne à la fois l’antifascisme des années trente et le patriotisme lucide qui débouchera sur l’union des forces de la Résistance avec de Gaulle en 1943 et 1944. Péri, s’il avait survécu, aurait pleinement participé à l’oeuvre de redressement et d’unité nationale à la Libération. Péri est une victime de la politique de représailles des Allemands en 1941. Il demeure pour toujours dans le panthéon des martyrs de la Résistance française, au côté de tant d’autres, de Jean Moulin, de Pierre Brossolette et Honoré d’Estienne d’Orves. Son martyre est universel, sa cause est nationale. La figure de Gabriel Péri nous parle à tous.

Propos recueillis par Jean-Paul Piérot