Danielle Tartakowsky. Le cimetière du Père-Lachaise où plusieurs centaines de communards, anonymes, tombés sous les coups de l’armée de Versailles, lors des derniers combats de la Semaine sanglante, furent inhumés à la hâte dans des fosses communes, situées au Nord-Est de son mur d’enceinte s’est imposé presque aussitôt pour celui des lieux qui résumait en lui la mémoire de la Commune et de tous ses martyrs.
Danielle Tartakowsky. «Le pèlerinage au Mur», ainsi nommé durant ses premières années d’existence, a d’abord mobilisé toutes les composantes politiques qui se disputaient l’héritage de la Commune, au prix, parfois, d’affrontements d’ampleur.
Corentin Lahu. «600 000 au Mur!»: la une de L’Humanité au lendemain du 24 mai 1936 donne le ton. Jamais dans l’histoire des célébrations de la Commune de Paris, une pareille foule s’était mobilisée. La portée de cette journée est exceptionnelle et annonce le grand mouvement social que s’apprête à connaître le pays. Dépassant largement le caractère traditionnel de ce rituel instauré en 1880 par les organisations ouvrières, cette manifestation est l’expression de la récente victoire du Front populaire.
Corentin Lahu. En 1929, la montée au mur des Fédérés prévue le 26 mai s’annonce agitée. Rompant avec son caractère traditionnel de cortège pacifique relevant de l’hommage aux morts, les communistes entendent cette fois l’inscrire dans une stratégie plus générale de conquête de la rue. Cette journée est émaillée d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre.
Corentin Lahu. Organisée chaque année depuis 1880, la montée au mur des Fédérés revêt en 1921 un double intérêt. Au-delà de la commémoration du cinquantième anniversaire de la Semaine sanglante, il s’agit du premier rendez-vous organisé depuis la scission du congrès de Tours, qui a divisé socialistes et communistes. Cette journée devient dès lors pour le PCF une occasion de se mesurer à deux acteurs majeurs, avec qui ses relations sont conflictuelles. D’une part les socialistes, auxquels il dispute l’héritage de la Commune de Paris en se présentant comme le seul continuateur des traditions révolutionnaires du prolétariat français. D’autre part la puissance publique, qui impose un cadre contraint pour l’organisation des manifestations de rue.