Séance 1 – 10 novembre 2023, 14h30-17h30 (heure de Paris)
À la Fondation Gabriel Péri (Tour Essor, 14 rue Scandicci – 93500 Pantin, 22e étage) et en visioconférence
Intervenants
- Ecaterina Ojoga, docteure en histoire, EHESS.
- Jean Vigreux, Professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Bourgogne.
- Serge Wolikow, Historien, Président du Conseil scientifique de la Fondation Gabriel Péri.
Discutants : Guillaume Roubaud-Quashie, chercheur associé au CHS (Paris 1) et Roger Martelli, historien.
Animation: Louise Gaxie, directrice de la Fondation Gabriel Péri.
Présentation
32 ans après l’effondrement de l’URSS et du bloc soviétique, puis avec l’ouverture des archives, il est important de faire un bilan, mais aussi de proposer des perspectives de recherches nouvelles ou de prolonger certaines pistes. Dans un premier temps, l’histoire du communisme a bénéficié d’une histoire monde qui a permis de (re)penser la dialectique histoire globale et/ou internationale renvoyant à plusieurs dimensions du projet mondial né du Komintern. Ainsi, il semble utile de relire l’histoire du PCF et des PC nationaux comme une histoire d’une section d’un Parti mondial de la Révolution ou Internationale communiste, puis Kominform et Mouvement communiste internationaliste (MCI). Cette histoire doit également être reliée avec celle des représentations (et/ou des attaques) qu’elle a engendrées, celles d’un «spectre qui a hanté» l’Europe etc. Une telle approche invite à considérer le jeu d’échelles (local, national, international), mais aussi l’historiographie marquée par la logique du centre et de la périphérie : une lecture verticale.
Cette lecture n’est pas unique. Il faut également envisager une histoire comparée, une histoire des transferts culturels, des échanges (horizontaux et/ou verticaux), des symboles et des projets politiques (des mots et des programmes) permettant de dépasser un seul récit refermé dans le carcan national. Dès lors les circulations, emprunts ou même les exils (forcés le plus souvent) ont enrichi les cultures communistes. De surcroît, la lutte contre le colonialisme et les formes de l’impérialisme ont aussi donné de nouveaux contours au projet mondial du communisme. Enfin, il faut aussi faire l’apport d’une histoire sociale du monde communiste : par exemple, le choix des cadres montre toute l’habileté du Komintern qui met en place non seulement un système élaboré de sélection et de formation, mais aussi de gestion des «ressources humaines».
Penser alors les réseaux et les échanges invite à analyser les rencontres: celles, par exemple, des cultures locales tant en Europe, en Afrique, en Asie, en Amérique, avec les mots et l’idéologie (avec ses traductions et l’usage des langues). Une telle histoire qui se veut connectée, croisée, transnationale est aussi une histoire sociale du politique: celle des hommes et des femmes qui ont contribué à façonner cet univers. Cela permet ainsi de revisiter l’approche «sociétale et téléologique» en l’arrimant à une logique transnationale et comparée, dans un projet qui se voulait international et donc universel. Dès lors l’histoire comparée des partis communistes peut offrir des perspectives nouvelles.