A l’occasion de la réédition de son livre paru en 1976, La géographie ça sert, d’abord, à faire la guerre, augmenté d’une préface inédite et de nouveaux commentaires,
Rencontre avec Yves Lacoste, géographe, fondateur de la revue Hérodote, l’auteur notamment, de Unité et diversité du tiers monde (Maspero, 1980), du Dictionnaire de géopolitique (Flammarion, 1996), ou encore de L’Eau dans le monde. Les batailles pour la vie (Larousse, 2007).
Jeudi 14 mars 2013
Yves Lacoste revient sur son parcours, son travail et sa conception de la géographie, qui interpelle toujours les géographes et les historiens, bien sûr, mais aussi les militants progressistes, le marxisme.
Sa présence à la Fondation est une occasion exceptionnelle d’en débattre.
En 1976, la première édition de ce livre dans la « Petite collection Maspero » fit grand bruit. Il faut dire que le géographe Yves Lacoste y proposait une analyse iconoclaste : il fustigeait la « géographie des professeurs », apparue au XIXe siècle et progressivement devenue un discours idéologique masquant l’importance politique de toute réflexion sur l’espace – tandis que sa variante scolaire a longtemps été vue comme l’un des enseignements les plus rébarbatifs et « inutiles ». Mais, surtout, il montrait qu’existait aussi une autre géographie, plus ancienne et toujours actuelle, la « géographie des états-majors », ensemble de connaissances rapportées à l’espace et constituant un savoir stratégique utilisé par les minorités dirigeantes.
À rebours de ces deux conceptions, Lacoste affirmait que les questions soulevées par la géographie concernent en réalité tous les citoyens : des questions passionnantes, multiformes, à la croisée de nombreuses disciplines. Tel était le programme de la revue Hérodote, lancée également en 1976 par Yves Lacoste chez le même éditeur et devenue, depuis, le fer de lance d’une nouvelle géographie « géopolitique ». La présente édition reprend le texte original de ce livre devenu culte, complété par une longue préface inédite et des commentaires contemporains de l’auteur. Sa pertinence reste entière, à une époque où la géopolitique défendue par Yves Lacoste est entrée dans les moeurs et où l’analyse des conflits régionaux et internationaux, toujours complexe, s’est imposée dans le débat public. (présentation de la nouvelle édition par La découverte)