Par Sylvain Delaitre, Jean-François Bolzinger (directeur de la publication de Progressistes) et Michel Vakaloulis sont fondateurs du think-tank « Sécurité Défense Souveraineté »
Article publié par Progressistes, le 3 octobre 2020.
La 5G est une nouvelle génération des standards pour la téléphonie mobile. Après la 4G qui a amené le web sur nos smartphones, la 5G promet des débits 10 fois plus élevés, une accélération considérable des transmissions de données propre à révolutionner la robotique, ainsi qu’une densité de connexions simultanées de l’ordre d’1 million d’équipements au km2. Opérations chirurgicales à distance, voitures autonomes, tété-conduite de véhicules, usines connectées et automatisées, internet des objets pour gérer l’éclairage public, les flux de véhicules, la collecte des déchets, visionnage en direct de vidéos de très haute qualité… au vu de tant d’atouts et de promesses, on ne peut que s’interroger sur l’ampleur des réticences que suscite l’avènement de la 5G. Que les intégristes scientistes s’enflamment pour une supposée nouvelle révolution technologique traitant ceux qui doutent et s’opposent de retardataires et de demeurés, soit ! Que des intégristes anti-science demandent le rejet, soit ! Que Trump dénigre la technologie chinoise car les américains sont en retard, soit ! Mais tout cela n’explique ni ne lève les réticences fortes qui se font jour. Celles-ci tournent autour de deux aspects : l’impact sur la santé et les conséquences sur la consommation d’énergie. Dès lors, plutôt que s’enfermer dans un débat théorique et paralysant sur « pour ou contre la 5G », pourquoi ne pas faire valoir une autre approche ? Toute technologie résultant de l’action humaine, quels débats et interventions avoir pour assigner à la 5G des objectifs en matière d’impact sur la santé et de maîtrise de consommation d’énergie ? La situation est déjà loin d’être satisfaisante aujourd’hui sur ces deux volets. N’y a-t-il pas dès lors avec la 5G l’opportunité de repenser le modèle de télécoms numériques tel qu’il fonctionne aujourd’hui ? La science ne peut pas tout mais ne peut pas rien.
L’impact sur la santé : une exigence fondamentale
L’élément essentiel des réticences des utilisateurs ne vient-elle pas de l’attitude désinvolte des dirigeants industriels qui se désintéressent volontairement d’une question loin d’être anecdotique pour les utilisateurs potentiels à savoir l’impact sur leur santé. Comme à l’accoutumée les dirigeants postulent qu’il n’y aura aucun impact et donc qu’il n’y a pas lieu d’évaluer quoi que ce soit. L’évaluation a un coût qui indispose les actionnaires. La routine consiste à passer en force en ne laissant apparemment aucun choix aux citoyens. Cette attitude perçue comme méprisante suscite une défiance régulièrement croissante liée à la perte de confiance à l’égard du politico-industriel.