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Panel organisé par la Fondation Gabriel Péri à la conférence Historical Materialism – Conjurer la catastrophe

Samedi 28 juin de 11h à 12h45
Université Paris Dauphine-PSL
Place du Maréchal de Lattre de Tassigny, 75016 Paris, France
Salle P518
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La conférence Historical Materialism Paris 2025 a pour objectif de faire connaître et mettre en débat les recherches marxistes contemporaines. Il s’agit d’une conférence qui s’adresse à l’ensemble des sciences sociales (voir le programme).

Présentation du panel :

En l’espace de quarante ans, le vote des classes populaires françaises s’est profondément métamorphosé. Le décrochage pour la gauche a eu pour corolaire une montée de l’abstention et du vote d’extrême droite.  Ces évolutions ont pour toile de fond une transformation radicale des modes de structuration des classes populaires, de leur condition laborieuse et des modes de leur socialisation politique. Elles ne marquent pas toutefois une disparition des effets d’appartenance de classe des catégories populaires sur leur rapport au politique et au vote (Agrikoliansky et al. 2023). Leur plus forte propension à s’abstenir, ou bien à porter leurs suffrages pour l’extrême droite ou la gauche « radicale » demeurent au contraire des traits distinctifs du comportement politique des classes populaires. Plus qu’à une disparition des ressorts de classe du vote des catégories populaires, c’est donc plutôt à leur reconfiguration et à la variation de ses effets que l’on observe (Gougou, 2017). Une analyse plus fine des comportements électoraux des classes populaires, attentive à la diversité de leurs positions socio-professionnelles (Peugny, 2015) permet ainsi de repérer des variations significatives dans leurs orientations. Elles peuvent être mises en relation avec l’hétérogénéité du rapport que les classes populaires entretiennent à l’action collective et syndicale en fonction de leurs contextes de travail (Blavier, Haute, Pénissat, 2020). De récents travaux se sont précisément attachés à montrer, plus largement, la manière dont les expériences de travail peuvent contribuer à structurer différemment leurs représentations politiques, le sens et l’orientation de leurs votes (Beaumont, 2018 ; Giraud et Haute, 2023 ; NRT, 2025, à paraître). Les effets du travail n’opèrent évidemment pas seuls. Ils dépendent aussi de la manière dont les socialisations politiques au travail de ces salarié.es s’articulent à leurs socialisations antérieures (Giraud, 2025) et hors travail, en fonction notamment de leurs territoires d’ancrage (Collectif Focale, 2022).

Dans le prolongement de ces travaux, l’intention de ce panel est de faire la jonction avec des travaux attentifs aussi à l’articulation des rapports de domination qui définissent la position de classe des catégories populaires (Béroud et al., 2016) mais qui contribuent aussi à la fragmentation de leur condition sociale, en raison de la diversité de leur position sur le marché du travail, dans les rapports de genre et sous l’effet des dynamiques de racialisation des rapports sociaux (Siblot et al., 2015). En d’autres termes, l’objectif est de mettre en regard un ensemble de travaux – en privilégiant celui de jeunes chercheuses – qui aident à saisir la façon dont le rapport au politique des classes populaires, dans ce qu’il a de commun et de variable, peut être mis en relation avec la manière dont s’articulent leurs expériences des rapports de domination, au travail et hors travail. Comment les divisions sociales des classes populaires peuvent-elles éclairer la fragmentation de leur conscience sociale et politique ? Comment peuvent-elles aider à comprendre les logiques de classe du rapport des catégories populaires au politique et les obstacles sociaux à la reproduction d’un vote de classe ?

Avec :

  • Maëva Durand, post-doctorante à l’INRAE/IRISSO, Université Paris Dauphine : « La valeur du travail : déqualification féminine et affinité à l’extrême droite ».
  • Margot Roisin-Joncquière, doctorante en sociologie à l’EHESS/CMH : « Le travail comme matrice de socialisation politique des conducteurs routiers ».
  • Pauline Liochon, doctorante en sociologie à l’université Paris Dauphine/IRISSO : « Conflictualités horizontales dans l’industrie agroalimentaire : comment l’organisation du travail et de l’emploi exacerbent les clivages internes aux classes populaires ? »,

Introduction et animation : Baptiste Giraud, maître de conférences en science politique, Université d’Aix-Marseille/LEST : « Travail, classe et politique : éléments d’introduction pour l’analyse des recompositions du vote des clases populaires ».

Pour aller plus loin :