Manouchian (Assadourian) Mélinée, arménienne, 76 ans. ~ Fondation Gabriel Péri Skip to main content

Manouchian (Assadourian) Mélinée, arménienne, 76 ans.

  • Née en 1913 à Constantinople dans l’Empire Ottoman
  • Décédée le 6 décembre 1989 à Fleury-Mérogis
  • Profession : Sténodactylographe
  • Situation familiale : marié avec Missak Manouchian
  • Faux papiers au nom de Jacqueline Albertini.
  • Réfugiée chez Knar Aznavourian lors de l’arrestation de Missak et ses camarades le 16 novembre 1943.

Mélinée est née à Constantinople en 1913. En 1916, ses parents sont tués pendant le génocide des Arméniens de Turquie. Orpheline, elle se retrouve en Grèce, puis arrive en France en 1926. Elle s’installe à Paris, où elle devient sténodactylographe. Lors d’une fête de la Section française du Comité de secours pour l’Arménie (HOC), elle rencontre celui qui deviendra son mari, Missak Manouchian. Ensemble, ils adhèrent au PCF et continuent d’aider l’Arménie. À partir de 1934, ils participent au combat antifasciste du Front populaire. Après le pacte germano-soviétique, déboussolé le couple décide que Missak s’engage pour défendre la France. Ce dernier est arrêté pour sa proximité avec l’Union soviétique et son appartenance au Parti communiste. Libéré en 1941, le couple s’engage dans la Résistance, puis rejoint les FTP-MOI. Mélinée participe activement aux côtés de Missak à la Résistance, elle se consacre au repérage ou renseignement. Quand Missak Manouchian et ses camarades sont arrêtés en novembre 1943, Mélinée se réfugie chez son amie Knar Aznavourian, la mère de Charles Aznavour, et prend  l’identité de Jacqueline Albertini. Missak la protège au cours de son interrogatoire. Mélinée apprend l’exécution de son époux quelques mois plus tard et consacrera sa vie à entretenir et sauvegarder sa mémoire. 

Écoutant pour partie la dernière lettre de Missak, Mélinée part s’installer à Erevan en Arménie soviétique pour construire le socialisme. Elle travaille au sein de l’Institut de littérature de l’Académie des sciences. Dix ans après l’exécution de Missak, elle publie une biographie de son mari ainsi que deux recueils de poèmes qu’il avait écrits. Elle quitte au début des années 1960 le monde soviétique et revient en France, marquée par les effets du stalinisme. En France elle reprend le flambeau de la mémoire et en 1985, dans le documentaire Des Terroristes à la retraite de Mosso Boucault, elle s’en prend à certains dirigeants du PCF qui n’auraient pas soutenu le « groupe Manouchian ». Un an plus tard, en 1986, elle reçoit du président de la République François Mitterrand, la médaille de chevalier de la Légion d’Honneur. Puis le 20 mai 1989, elle participe avec Georges Marchais à l’installation dans la 96e division du Père-Lachaise – où sont enterrées de nombreuses figures révolutionnaires et du monde communiste – un cénotaphe des FTP-MOI, dessiné par Jean-Michel Daquin, décoré d’une mosaïque tricolore réalisée par Verdiano Marzi. Quelques mois plus tard, elle décède le 6 décembre 1989. Elle entrera au Panthéon le 21 février 2024 avec Missak.

Monument commémoratif pour les membres du FTP-MOI accompagné d’un extrait du poème Strophes pour se souvenir de Louis Aragon. © Pierre-Yves Beaudouin / Wikimedia Commons.

Vous pouvez retrouver ce portrait dans le hors-série de l’Humanité sur le groupe Manouchian.