Les Juifs dans la Résistance FTP-MOI

Les FTP-MOI sont créés au premier semestre de l’année 1942. Les sections de la MOI doivent verser 10 % de leurs effectifs dans les détachements FPT-MOI. Majoritaires au sein du deuxième détachement FTP-MOI dit « détachement juif », les Juifs sont présents dans tous les détachements FTP-MOI de la région parisienne ainsi que dans les unités FTP-MOI qui apparaissent ensuite en zone sud. Le premier détachement est ainsi composé principalement de Roumains et de Hongrois, juifs pour la plupart. Beaucoup d’entre eux sont d’anciens combattants des brigades internationales.

Le détachement juif des FTP-MOI dans la région parisienne

Le deuxième détachement des FTP-MOI, aussi connu sous le nom de « détachement juif », est formé en avril-mai 1942 en région parisienne. Il est également composé presque exclusivement de jeunes juifs âgés de 16 à 20 ans, au nombre de quarante environ, initialement membres de la section juive de la MOI. Léon Pakin, Mayer List et Samuel Weissberg forment le triangle de direction. La première action du détachement devait avoir lieu le 1^er mai 1942, date symbolique, mais l’attentat est annulé car les deux résistants à l’initiative sont tués dans l’explosion de la bombe artisanale qu’ils confectionnaient. Entre mai et juin 1942, le deuxième détachement cible des ateliers juifs qui fabriquent des vêtements pour la Wehrmacht. À partir de juillet 1942, les objectifs changent et ne visent plus de cibles juives. Plus de soixante opérations auraient été menées par le deuxième détachement entre juillet 1942 et juillet 1943. Elles visent notamment des camions et militaires allemands.

Les brigades spéciales, qui collaborent avec les nazis, sont chargées de traquer les résistants et, en particulier, les FTP-MOI. Des filatures mènent à des arrestations nombreuses à partir du printemps 1943, une situation aggravée en raison de l’absence de cloisonnement entre les différents membres du détachement. Les résistants arrêtés sont torturés avant d’être remis aux nazis, incarcérés, torturés et pour la plupart fusillés. Entre juin et juillet 1943, le deuxième détachement est presque entièrement disloqué par les arrestations. À la suite de sa dissolution du deuxième détachement juif, les membres qui ont échappé à l’arrestation sont versés dans le 4^e détachement dit des dérailleurs ou en province. Parmi eux, on trouve plusieurs des résistants qui apparaissent sur l’Affiche rouge et sont fusillés le 21 février 1944 au Mont-Valérien.

Les FTP-MOI en zone sud composés principalement de jeunes juifs communistes étrangers

Après la formation des premiers détachements armés des FTP-MOI en région parisienne, des unités FTP-MOI apparaissent en zone sud.

Ces détachements sont composés principalement de jeunes juifs communistes d’origine étrangère. À Lyon, le détachement Carmagnole naît au printemps 1942 et débute ses activités à l’automne 1942, après l’invasion de la zone sud par les nazis. À Grenoble, le bataillon Liberté naît au printemps 1943. Les jeunes juifs y sont très nombreux, en raison de la situation géographique de la ville près de la Suisse et en zone italienne d’occupation. Les bataillons de Lyon et Grenoble partagent les mêmes objectifs et les mêmes cadres, en particulier après l’occupation des régions alpines par les nazis à partir de septembre 1943. À Marseille, le détachement Marat apparaît au printemps 1942 et commence ses actions à l’automne. À partir du printemps 1943 et de la fondation de l’Union des Juifs pour la Résistance et l’entraide (UJRE), les FTP-MOI marseillais et l’UJRE travaillent de concert. À Toulouse, Marcel Langer, un juif communiste d’origine polonaise, créé la 35^e brigade FTP-MOI qu’il dirige d’octobre 1942 au 5 février 1943, date de son arrestation.

La forte présence des Juifs dans les groupes armés des FTP-MOI s’explique par un faisceau de raisons : la mémoire familiale et collective des persécutions en Europe orientale ; l’accoutumance à une forme de clandestinité politique pour ceux qui sont originaires de pays où le parti communiste était interdit ; une expérience préalable du combat armé pour ceux qui ont combattu dans les brigades espagnoles ; le désespoir face à l’arrestation et à la déportation de membres de leurs familles ; la volonté de ne pas être passifs face à la persécution et l’extermination des Juifs et l’idée que le génocide ne cessera que lorsque les nazis perdront la guerre.

Par Zoé Grumberg

Sources de la notice :

– « Le 2^e détachement juif des FTP-MOI », Musée de la résistance en ligne
– « Le 1er détachement juif des FTP-MOI », Musée de la résistance en ligne
– « Les FTP-MOI juifs de zone Sud », Musée de la résistance en ligne.

Bibliographie sélective :

Stéphane Courtois, Denis Peschanski, Adam Rayski, Le Sang de l’étranger. Les immigrés de la MOI dans la Résistance, Paris, Fayard, 1989.

David Diamant, Les Juifs dans la Résistance française 1940-1944 (avec armes ou sans armes), Paris, Roger Maria Editeur, 1971.

Robert Endewelt, « L’engagement dans la Résistance des jeunes juifs parisiens avec la MOI (1940-1945) », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 129 | 2015, 139-150.

Boris Holban, Testament, Paris, Calmann-Lévy, 1989. Annette Wieviorka, Ils étaient juifs, résistants, communistes, Paris, Perrin, 2018.