Focus sur le camp du Vernet (Ariège) ~ Fondation Gabriel Péri Skip to main content

Focus sur le camp du Vernet (Ariège)

Source: geoportail, CC BY-SA 4.0

Les premiers camps d’internement pour les étrangers « indésirables » en France apparaissent en novembre 1938 (décret du 12 novembre 1938). Il s’agit d’un internement administratif : ces individus sont internés en vertu du danger qu’ils représenteraient pour la France, mais pas pour des crimes ou délits qu’ils auraient commis. Dans le contexte de la guerre d’Espagne, les premiers internés sont principalement des républicains espagnols qui ont fui l’Espagne. Dans les années qui suivent, plusieurs catégories d’individus se succèdent dans ces camps : ressortissants de puissances ennemies (Allemands et Autrichiens) au moment de la déclaration de guerre avec l’Allemagne ; communistes, étrangers, suspects de marché noir, internés de droit commun, Juifs, Tsiganes sous le régime de Vichy et l’Occupation nazie ; civils allemands, individus suspectés de collaboration ou de marché noir après la Libération. À partir de 1942, les camps français d’internement deviennent un des rouages de la politique allemande d’extermination des Juifs et des Tsiganes. À l’exception de Compiègne puis de Drancy à partir de juillet 1943, tous ces camps sont sous administration française. Au total, entre novembre 1938 et mai 1946, environ 600 000 personnes sont internées dans près de 200 camps.

Le camp du Vernet, situé en Ariège, voit se succéder une partie de ces catégories d’individus. Il est créé en 1939, initialement pour interner les républicains espagnols. Au moment de la déclaration de guerre avec l’Allemagne, des étrangers dits indésirables y sont internés, notamment des communistes, anarchistes et antifascistes qui avaient fui l’Allemagne nazie. À partir de 1942, il devient un camp de transit pour les Juifs arrêtés dans la région, avant leur déportation. Le camp est évacué à la fin du mois de juin 1944 par la Wehrmacht qui en a pris le contrôle au début du mois. Les 398 internés restants sont évacués à Toulouse puis déportés à Dachau dans ce qui est connu comme le « train fantôme », l’un des derniers convois de déportation qui mit plus de deux mois à arriver à destination. Entre 1939 et 1944, près de 40 000 personnes ont été internées au camp du Vernet. L’écrivain Arthur Koestler, interné entre octobre 1939 et janvier 1940 en tant qu’étranger indésirable, a raconté les conditions de détention difficiles dans son ouvrage autobiographique La lie de la terre.

Par Zoé Grumberg

Camp de concentration du Vernet d’Ariège, Azinat.com TV, 2014 (3’39)
Indésirables étrangers, le camp du Vernet d’Ariège, La Télé Buissonnière.org, 2015 (10’13).