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1 – Aux origines de la Sécu : de la charité à la solidarité

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Aux origines de la Sécu :

De la charité à la solidarité

Pendant des siècles, la vie des travailleuses et travailleurs s’est trouvée à la merci de tous les accidents de la vie. Les premières formes de protection sociale contre ces aléas apparaissent au sein des familles et des communautés villageoises. Puis des institutions, religieuses notamment, se sont spécialisées dans l’assistance et la charité fournissant un remède – certes limité – au soulagement des indigents et orphelins. Le monde du travail n’échappe pas à ce besoin de protection. Contre le chômage, la maladie ou les accidents du travail, les confréries et corporations, puis le compagnonnage façonnent, dès le Moyen Âge, les premiers outils de la solidarité.

À la fin du XVIIIe siècle, l’industrialisation naissante et la Révolution française bouleversent ces structures. La loi Le Chapelier (1791), qui interdit les groupements professionnels, met à mal les anciennes structures d’assistance et de charité. Certains républicains, inspirés des Lumières, considèrent que la justice sociale et la protection du plus grand nombre doivent primer : c’est le sens de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1793.

« Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler. » (Article 21 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1793).

Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1793 © BNF/Gallica

Les premières créations ouvrières en matière de protection sociale prennent la forme de sociétés de secours mutuels. Apparues peu avant la Révolution, elles connaissent un essor important dans la première partie du XIXe siècle. Instruments d’entraide et de solidarité, les mutuelles versent aux ouvriers qui cotisent des indemnités en cas de maladie, de chômage ou de grève. Reconnues par Napoléon III au prix d’un strict contrôle par le pouvoir au début des années 1850, elles vont se démarquer du syndicalisme et assurer le socle de la protection sociale pour près d’un siècle.

Fête de la Société de secours mutuels des 100 000 Chemises, Châteauroux, 1900 © DR | IHS CGT
Fête de la Société de secours mutuels, Montlieu (Charente-Inférieure), 25 septembre 1904 © DR | IHS CGT

De son côté, une fraction du patronat déploie, à compter du dernier tiers du XIXe siècle, une panoplie d’œuvres sociales (maladie, retraite, sursalaire familial…) afin de fidéliser et contrôler la main-d’œuvre.

Le Nord Mutualiste du 10 octobre 1906 © BNF/Gallica

FOCUS

Le paternalisme patronal, entre protection sociale et gestion du personnel
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Les relations entre un patron et ses ouvriers peuvent-elles se limiter à un simple échange travail contre salaire ? Au XIXe siècle, de nombreux chefs d’entreprise répondent par la négative, estimant que leur statut leur impose un devoir de protection vis-à-vis de leurs salariés. Ce souci « paternaliste » d’adoucir la condition ouvrière s’incarnera dans des institutions sociales qui se révéleront aussi des instruments de contrôle de la main-d’œuvre et…