Après les résultats des Européennes et l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, l’Humanité publie cette tribune de Louise Gaxie.
Publié le 12 juin 2024 Mis à jour le 13 juin 2024
L’annonce de la dissolution a produit un effet de sidération général. Tout le monde comprenant bien, qu’au regard du contexte, cette décision peut conduire à l’accession au pouvoir de l’extrême droite. L’urgence absolue est donc d’empêcher la catastrophe annoncée.
Or, force est de constater que la tâche est difficile. L’ampleur de la défiance à l’égard des partis politiques, le laps de temps particulièrement court pour mener la campagne, la nouvelle étape dans le dynamitage du système partisan et l’ancrage grandissant de l’extrême droite et de ses idées dans les territoires et dans les esprits constituent des défis majeurs pour les forces progressistes.
Dans ces circonstances et au regard du mode de scrutin, la constitution d’un front populaire – largement plébiscitée – portée par un puissant mouvement social est la seule voie pour éviter le scénario du pire. Des candidatures uniques, dès le premier tour, portant un « programme de ruptures sociales et écologiques », doivent réellement être mises en place non en fonction de calculs arithmétiques et tactiques, mais de la réalité du terrain et des personnes les plus à même de battre la droite et l’extrême droite dans leurs circonscriptions. N’oublions pas qu’il y a 577 élections à mener et que les enjeux et les difficultés sont loin d’être les mêmes partout.
Susciter un vote d’espoir
Pour gagner, l’appel à faire barrage à l’extrême droite ne sera pas suffisant. C’est un vote d’espoir qu’il est urgent de susciter. Il faut donc offrir des perspectives crédibles de transformations progressistes qui ouvrent une alternative à la régression néolibérale dans tous les aspects de la vie dont les conséquences sont visibles en termes d’explosion des inégalités sociales comme de précarisation et de paupérisation de pans toujours plus nombreux de la société. C’est dans cette crise sociale profonde et dans le ras-le-bol qui en découle que le score très élevé du FN-RN prend racine.
Il est donc impératif de parler du fond. Il faut, d’une part, démontrer l’escroquerie derrière la présentation de l’extrême droite comme les défenseurs des catégories populaires et la dangerosité de leur projet de société. Il faut convaincre, d’autre part, que, malgré les divergences à gauche, un socle commun existe qui répond aux exigences et aux aspirations des milieux populaires et du monde du travail et permettra de changer la vie.
Celles et ceux déjà convaincus que cette alternative est possible ici et maintenant doivent se mettre en mouvement pour créer la dynamique nécessaire. Répondre largement à l’appel des syndicats à manifester ce week-end est l’un des moyens d’y parvenir.