Après les élections européennes, des militants de gauche, syndicalistes, responsables associatifs prennent la parole et ouvrent le débat.
Avec Alain Obadia, Aurélie Trouvé, Willy Pelletier et André Prone.
Services publics, transition écologique et démocratie, par Alain Obadia, Président de la Fondation Gabriel-Péri.
Conjurer les scénarios catastrophiques qui menacent et ouvrir une issue positive à la crise d’une extrême gravité que traverse notre pays sont des impératifs majeurs et urgents. Cela passe par le rassemblement de toutes les énergies qui aspirent à construire un avenir de progrès humain respectueux de la planète. Cela ne pourra advenir que par la recherche d’objectifs communs ouvrant sur des batailles rassembleuses marquées par les préoccupations de progrès social, de lutte contre toutes les discriminations, de nouvelles conquêtes démocratiques et écologiques. Ce processus inclut, bien sûr, des discussions entre les formations politiques de gauche. Mais il les dépasse largement et doit s’appuyer tout autant sur les mobilisations sociales et citoyennes qui placent le progrès humain et écologique au cœur de leur démarche. Il doit en retour en favoriser l’essor et le développement. Il existe, en effet, beaucoup plus de créativité transformatrice dans la société qu’on ne le pense souvent. Reconstruire à gauche, dans les conditions d’aujourd’hui, implique cette vision « grand angle ». Il est évidemment impossible dans cet article d’aborder toutes les thématiques à mobiliser pour créer la dynamique nécessaire. Je me limiterai donc à mentionner trois questions.
Les services publics sont au cœur de nombreuses mobilisations. La concurrence libre et non faussée, objectif central de l’Europe néolibérale, détruit nos services publics. Nombre d’entre eux sont désormais en état de rupture et dans l’impossibilité de répondre à leurs missions les plus basiques. C’est notamment le cas de l’hôpital public aujourd’hui sinistré. Le devoir d’une gauche transformatrice est de créer toutes les conditions, en lien avec une sécurité sociale retrouvant sa vraie place, pour que l’hôpital public joue le rôle qui doit être le sien en ce début du XXIe siècle. Comme tous les services publics, l’hôpital est un bien commun au service de tous. Il doit être géré, de manière profondément démocratisée, pour apporter une réponse de qualité aux besoins en matière de santé.
Le système éducatif public est lui aussi l’objet d’une offensive qui vise à le soumettre à une logique de marchandisation grandissante. Ce processus, déjà bien avancé dans l’enseignement supérieur, est en train de s’implanter à grande vitesse dans le secondaire et de s’immiscer dans le primaire. Il rencontre une résistance, sur laquelle nous devons nous appuyer et que nous devons contribuer à renforcer, pour que l’objectif d’un système d’enseignement public vecteur d’égalité et d’émancipation humaine, au service de chaque jeune, garde tout son sens.
L’urgence climatique fait l’objet d’une mobilisation remarquable de la jeunesse. Elle est à proprement parler vitale. Mettre en œuvre les décisions indispensables pour permettre de respecter les objectifs de l’accord de Paris implique une volonté politique capable de résister sans faiblesse aux lobbies, aux multinationales et, plus généralement, à la rapacité du capital. Une transition écologique conjuguant étroitement écologie, social et démocratie est un objectif majeur pour toute reconstruction à gauche.
La troisième question est celle de la démocratie. Des millions de gens constatent que leur opinion n’est jamais prise en compte même quand elle est majoritaire. Nous devons renforcer la capacité de la souveraineté populaire à s’exercer vraiment. C’est vrai bien sûr dans le domaine des institutions, ce doit être vrai également s’agissant des nouveaux pouvoirs d’intervention directe dans la cité comme dans l’entreprise.