Par Pierre-Henri Lab
L’Humanité, le 4 novembre 2024.
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Lieu d’échange et de travail en commun entre chercheurs et militants, la fondation organise un colloque samedi 9 novembre au siège du PCF centré sur les classes populaires et la politique.
La Fondation Gabriel-Péri fête ses 20 ans. À cette occasion, elle organise un colloque, espace Niemeyer, au siège du Parti communiste français, samedi 9 novembre. Reconnue d’utilité publique depuis sa création à l’initiative du PCF, la fondation brille par son dynamisme. Colloques, séminaires, visioconférences et rencontres diverses, elle multiplie les initiatives pour contribuer « à la compréhension, la diffusion et l’appropriation du patrimoine intellectuel et pratique accumulé en France et dans le monde par les luttes sociales et politiques, et par le mouvement des idées », comme le stipulent ses statuts. « La fondation est un lieu de rencontre, d’échange entre le monde de la recherche et le monde militant dans le respect de l’indépendance de chacun », explique son président, Alain Obadia. « Notre objectif est de favoriser la diffusion des travaux des historiens, des sociologues ou des philosophes et des savoirs militants mais aussi de permettre un travail en commun » souligne-t-il. La fondation n’est pas un parti politique. « Elle n’élabore ni programme, ni orientation. Elle est libre d’approfondir chaque question, d’explorer les désaccords sans avoir à les trancher », précise-t-il.
Explorer les transformations contemporaines du capitalisme
Ce travail en commun porte sur des questions comme celle de la démocratie, de la représentation politique, du rapport des classes populaires à la politique ou encore du syndicalisme. Elle explore aussi les transformations contemporaines du capitalisme et leurs effets. « Elle est très investie dans la question de l’avenir de l’industrie et du secteur énergétique en particulier mais aussi dans celles des évolutions du salariat », pointe Alain Obadia. Autre marqueur de son activité : les relations internationales. Avec l’ancien secrétaire général du Parti de l’indépendance et du travail Amath Dansokho et le philosophe Sémou Pathé Gueye, aujourd’hui décédés, la fondation est à l’origine du colloque de Dakar, au Sénégal, qui promeut d’autres rapports Nord-Sud fondés sur la coopération et le codéveloppement plutôt que le néocolonialisme et l’impérialisme et dont la sixième édition s’est tenue en 2022. Elle est aussi partie prenante du combat pour la paix. « Déconstruire la guerre et construire la paix est son fil conducteur », explique son président.
Gestion et la valorisation des archives du PCF
La fondation a aussi pour mission la gestion et la valorisation des archives du PCF. En collaboration avec la maison des sciences de l’homme de l’université de Bourgogne, un travail de numérisation a été entrepris. Les fonds de plusieurs revues communistes comme les Cahiers du communisme ou la Nouvelle Critique ou encore les comptes rendus du bureau politique sont accessibles gratuitement en ligne aux chercheurs comme aux historiens en herbe. Ce souci du patrimoine communiste l’a également conduite à prendre part à l’aventure de la Grande Édition Marx et Engels (Geme).
La fondation édite et publie plusieurs revues comme Silomag, les Cahiers de la santé publique et de la protection sociale et la Pensée. Fondée en 1939, « la revue du rationalisme moderne » connaît depuis quelques années un nouvel essor à la faveur de sa diffusion sur la plateforme cairn.info, spécialisée dans la promotion des travaux en sciences humaines et sociales.
Ce vingtième anniversaire sera enfin l’occasion d’un passage de témoin. Vice-président de la fondation depuis sa création jusqu’en 2012, année où il en est devenu le président, Alain Obadia a souhaité mettre fin à ses responsabilités. « Depuis quelques années, la fondation est engagée dans un processus de renouvellement. L’arrivée de Louise Gaxie au poste de directrice y a contribué, c’est aujourd’hui une étape supplémentaire. » L’historien Guillaume Roubaud-Quashie lui succédera à la faveur d’une prochaine assemblée générale. Nul doute que le travail entrepris sous la présidence d’Alain Obadia pour pérenniser la fondation, dont la subvention publique a été divisée par trois depuis sa création, et pour que les militants s’approprient toujours mieux ses productions va se poursuivre.
Demandez le programme
Au menu du colloque des 20 ans de la Fondation Gabriel-Péri : trois tables rondes sur les visages contemporains du monde du travail, les ressorts des mobilisations populaires et la construction d’une nouvelle conscience de classe, la remise du prix de la fondation et un entretien avec Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, sur le défi politique que représentent les milieux populaires et le monde du travail. Sans oublier le déjeuner des 20 ans. L’entrée au colloque est libre mais l’inscription est obligatoire. La participation au repas est de 20 euros. Renseignements et inscription sur gabrielperi.fr