Article paru dans l’Humanité, le 23 septembre 2008
Alors qu’il s’agit de repenser les conditions de la transformation sociale, l’organisme présidé par Robert Hue fête son quatrième anniversaire.
Il y a quatre ans, le 22 septembre 2004, naissait la Fondation Gabriel-Péri, à l’initiative du Parti communiste français. Elle est présidée par Robert Hue et son Conseil scientifique par l’historien Michel Vovelle. Cette fondation était à l’époque la quatrième « fondation à vocation politique », après la fondation Jean-Jaurès, créée à l’initiative du Parti socialiste, la fondation Robert-Schuman d’orientation centriste et qui vise à promouvoir une Europe fédérale, et la Fondation pour l’innovation politique, liée à l’UMP et présidée par le chiraquien Jérôme Monod. Depuis, la petite galaxie des fondations à vocation politique a accueilli Res Publica, présidée par Jean-Pierre Chevènement.
Un premier objectif de la fondation est de jouer un rôle dans le domaine des archives et de la mémoire du PCF. Les archives du Parti communiste ont été léguées aux archives nationales qui en ont confié la gestion aux archives départementales de la Seine-Saint- Denis. Une convention entre les archives départementales et la fondation Gabriel-Péri permet d’en exploiter les énormes ressources. Pour la fondation, il s’agit d’aider les travaux originaux de jeunes chercheurs et de booster l’ensemble de la recherche sur l’histoire du PCF et l’histoire de la France. C’est dans ce cadre que deux jeunes chercheuses ont entrepris un travail sur le fonds d’affiche du PCF. Ce travail a donné lieu déjà à la réalisation d’une exposition à l’espace Niemeyer et un livre paraîtra prochainement. D’autres publications ont été réalisées par la fondation à partir des archives du PCF. « Le Parti communiste et l’année 1956 » rend compte des journées d’études organisées par les archives départementales de la Seine- Saint-Denis avec de 120 participants. Enseignants et chercheurs, étudiants, citoyens, des spécialistes confirmés du communisme se sont interrogés sur les enjeux historiographiques et ont débattu sur la pertinence d’ériger l’année 1956 en borne historiographique pour la recherche sur le communisme.
Autre publication, celle en quatre tomes des documents de toutes les réunions du Comité central du PCF de 1921 à 1977. Le premier tome de cet instrument destiné particulièrement aux chercheurs est paru. Il couvre la période de 1921 à 1939. Sont en projet des publications sur le PCF et la question agraire, le PCF et la question coloniale et un ouvrage de Roger Martelli sur les effectifs du PCF. La fondation veut être également un lieu utile de recherche, de confrontation et d’élaboration politique. « Le rythme de la vie politique laisse peu de temps à l’analyse et à la recherche, affirme Michel Maso, directeur de la fondation. Elles sont pourtant nécessaires à qui ambitionne de donner jour à une vision nouvelle de la transformation sociale. » La pierre angulaire de cette activité, ce sont les séminaires, qui permettent, sur une plus ou moins longue période, des recherches et confrontations approfondies, et peuvent donner lieu à des publications. « La pensée alternative en économie aujourd’hui », « le pouvoir a-t-il un sexe ? », « mouvement des religions et mouvement des rapports sociaux », « énergie et développement, enjeu de civilisation », « les enjeux ruraux et agraires en Afrique », « nouveau salariat du capitalisme international », « Paris, une altermétropolisation est-elle possible ? », « marché et démocratie », « commerce équitable »… tels sont quelques thèmes des séminaires engagés par la fondation. Des séminaires dont Michel Maso souhaite qu’ils « débouchent si possible sur des préconisations, voire des rapports, en tout cas sur des élaborations politiques utiles ». « À chacun, s’il le souhaite, d’en faire son miel », précise-t-il.
D’importants colloques tenus ou en préparation, des rencontres philosophiques, des partenariats avec Espaces Marx, la fondation Rosa- Luxemburg en Allemagne, la revue la Pensée ou le mensuel Regards, la Fondation Gabriel-Péri multiplie ses initiatives. « Les chercheurs, des militants de tous horizons, des syndicalistes, des citoyens, les gens aiment s’y retrouver », assure Michel Maso. Rien d’étonnant au moment où, pour tout le mouvement de transformation sociale, il s’agit de repenser de fond en comble le changement.
Olivier Mayer