À la suite des élections du 26 mars qui « a sanctionné la révolution victorieuse », la Commune est proclamée solennellement, dans la soirée du 28 mars devant une foule importante estimée à 100 000 personnes. Lors de la deuxième séance du Conseil qui se tient le mercredi 29 mars, le Comité central de la Garde nationale remet les pouvoirs à la Commune, reconnue comme «seul pouvoir régulier».
Journal officiel de la Commune de Paris, n°1er, Jeudi 31 mars 1871.
Paris, le 29 mars 1871
Citoyens,
Votre Commune est constituée.
Le vote du 26 mars a sanctionné la Révolution victorieuse.
Un pouvoir lâchement agresseur vous avait pris à la gorge: vous avez, dans votre légitime défense, repoussé de vos murs ce gouvernement qui voulait vous déshonorer en vous imposant un roi.
Aujourd’hui, les criminels, que vous n’avez même pas voulu poursuivre, abusent de votre magnanimité pour organiser aux portes même de la cité un foyer de conspiration monarchique. Ils invoquent la guerre civile; ils mettent en œuvre toutes les corruptions; ils acceptent toutes les complicités; ils ont osé mendier jusqu’à l’appui de l’étranger.
Nous en appelons, de ces menées exécrables, au jugement de la France et du monde.
Citoyens,
Vous venez de vous donner des institutions qui défient toutes les tentatives.
Vous êtes maîtres de vos destinées. Forte de votre appui, la représentation que vous venez d’établir va réparer les désastres causés par le pouvoir déchu: l’industrie compromise, le travail suspendu, les transactions commerciales paralysées vont recevoir une impulsion vigoureuse.
Dès aujourd’hui, la décision attendue sur les loyers;
Demain celle des échéances;
Tous les services publics rétablis et simplifiés;
La garde nationale, désormais seule force armée de la cité, réorganisée sans délai;
Tels seront nos premiers actes.
Les élus du peuple ne lui demandent, pour assurer le triomphe de la République, que de les soutenir de leur confiance.
Quant à eux ils feront leur devoir.
La Commune de Paris.