La Fondation a co-organisé, avec l’association Survie, une soirée exceptionnelle sur la situation au Cameroun.
Pour comprendre la situation actuelle marquée par une répression massive de la population par le régime de Paul Biya et un conflit dans la région anglophone qui se solde par des centaines de milliers de personnes déplacés, il est utile de rappeler que la guerre coloniale contre-révolutionnaire des années 1950 a fait de l’appareil d’Etat une machine de guerre contre le peuple, et empêché la constitution d’oppositions politiques. Les mobilisations sociales sont systématiquement réprimées comme en 2008 ou tout récemment lors de la contestation des résultats de l’élection présidentielle d’octobre 2018.
Le Sud-ouest du pays connaît un conflit qui a débuté en 2016 par la mobilisation des avocats, rejoints par les enseignants. Suite au refus du pouvoir central de négocier avec les acteurs rassemblés au sein d’un consortium qu’il a décidé de dissoudre, la crise a dégénéré. International Crisis Group fait état de 1 850 morts, 530 000 déplacés internes et des dizaines de milliers de réfugiés, dont 35 000 au Nigeria. Alors que la solution tient à l’instauration d’un dialogue permettant de traiter les revendications des anglophones, la répression, les emprisonnements arbitraires ont eu pour conséquence de radicaliser les populations révoltées qui se sont pour certaines d’entre elles constituées en milices.