Axes de recherches du séminaire
Séminaire de novembre 2005 à juin 2009
Les religions et les courants diversifiés et contradictions qui les caractérisent ont, plus que jamais, une importance incontournable dans les défis et les enjeux de ce début du XXIème siècle.
Ces défis sont ceux d’une étape radicalement inédite de l’histoire de l’humanité elle-même, une étape qui ouvre, pour l’avenir de la civilisation vers des voies de contenus profondément contradictoires.
Cette croisée des chemins, dont nous sommes tous acteurs, est celle des immenses possibilités liées notamment à la nouvelle phase de l’hominisation que constitue, au sens anthropologique, la révolution informationnelle.
Les peuples, les travailleurs sont en même temps confrontés aux exploitations, aux humiliations, aux violences de la « guerre économique » et de la guerre tout court, que développent les stratégies du capitalisme contemporain et l’orientation qui y est donnée à l’utilisation des nouvelles capacités humaines.
Il en est résulté (à frais renouvelés) des courants (notamment mais pas seulement) de références religieuses où les souffrances, les protestations sont vécues, organisées, infléchies sur les modes populistes, communautaristes et/ou intégristes.
En même temps et par ailleurs, et particulièrement depuis 10 ans, on a vu émerger et s’amplifier les exigences, les mouvements de lutte, de résistance, de recherche d’une voie de libération humaine, de démocratie participative, de coopération, de paix. De manières diverses selon les pays et les continents, des croyants y participent. Chrétiens ou musulmans par exemple, ils vivent et pensent leur foi en Dieu dans cette perspective de libération humaine. Les exigences d’égalité des droits, (notamment dans les rapports entre hommes et femmes) de refus des cléricalismes, de séparation des religions et de l’Etat sont, également pour eux, essentielles.
Ces réalités religieuses, si contrastées, tiennent une place de premier plan dans les débats, les combats, les données sociales, culturelles, idéologiques du monde actuel. Cette place n’est pas méconnue par les stratégies des forces dominantes. Il en va ainsi en Amérique du Nord. On l’a vu lors des récentes élections présidentielles aux Etats-Unis. On le voit, sous d’autres modes, au Proche Orient, en Asie ; ou par ailleurs en Amérique latine avec les enjeux qui se rattachent à l’étouffement ou, à l’inverse, au maintien et au développement des courants catholiques de libération – cela au moment où militants, associations, évêques posent publiquement en ces pays une question cruciale pour nous tous « A qui profite le libre échange ? » Une question éthique et politique que vivent en France et dans l’Union européenne des millions de citoyens et citoyennes croyants mais que n’abordent guère les directions des religions chrétiennes et musulmanes dans leurs textes sur le projet de constitution pour l’Union européenne.
La compréhension raisonnée des racines et des traits de ces courants et attitudes religieuses dans le contexte du mouvement des rapports sociaux contemporains et développée hors des schémas manichéens ou des naïvetés, est indispensable pour les citoyen(ne)s. Elle appelle au développement des recherches et du partage des connaissances et des expériences. Le séminaire organisé par la fondation Gabriel Péri en partenariat avec la revue « La pensée » se propose de contribuer à ce partage. Il sera coordonné par Antoine Casanova, historien, directeur de « La pensée ».