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Entretien avec Sophie Béroud réalisé par Jean-Marie Durand sur Cairn en collaboration avec la Fondation Gabriel Péri

Vendredi 14 novembre à 15h
En visioconférence

Le mouvement des Gilets jaunes a fait surgir dans l’espace public des composantes des classes populaires et des petites classes moyennes peu habituées à la contestation sociale. Il a posé, en creux, la place prise aujourd’hui par ces composantes, ouvrières, employées, au sein des syndicats et plus largement dans les luttes sociales se déployant à partir de la sphère du travail. Les syndicats qui regroupent surtout les fractions les plus stabilisées des catégories ouvrières et employées apparaissent pour d’autres fractions des classes populaires comme des institutions lointaines, éventuellement des « guichets » où l’on demande des services pour faire respecter ses droits.

Il s’agira dans cet entretien de revenir sur ces enjeux, en éclairant la difficulté des syndicats à organiser une large partie du salariat populaire, en particulier des travailleur·ses en emploi précaire dans les fonctions publiques et dans le secteur privé. En effet, face à la transformation des emplois et des entreprises, les syndicats sont confrontés au défi d’adapter leur mode d’organisations pour réussir à produire du collectif là où celui-ci ne cesse d’être empêché par la diversité des statuts, des conditions d’emploi et la fragmentation des temps de travail.

Cependant, et malgré ces faiblesses structurelles, les syndicats demeurent encore aujourd’hui un des rares espaces d’engagement et de participation pour les classes populaires, jouant un rôle en termes d’éducation populaire et de socialisation politique. Nous nous demanderons dans quelle mesure, au travers de leur action quotidienne mais aussi des luttes menées, les syndicats parviennent à unifier les classes populaires et à produire le sentiment de partager des conditions sociales communes.

Sophie Béroud est politiste, professeure à l’Université Lumière Lyon 2, directrice adjointe du laboratoire Triangle. Ses travaux portent sur les transformations contemporaines du syndicalisme, de la conflictualité au travail avec un intérêt particulier sur les luttes sociales menées par des travailleur·ses précaires, en particulier dans des secteurs fortement féminisés comme l’aide à domicile ou les EPHAD.

Ses recherches l’ont conduite à réfléchir à la place prise par les composantes populaires du monde du travail dans les syndicats, mais aussi plus largement dans les luttes sociales. Plus largement, elle a contribué, avec d’autres chercheur·es (B. Giraud, K. Yon), à un renouveau de la sociologie politique du syndicalisme : Sociologie politique du syndicalisme : Introduction à l’analyse sociologique des syndicats (Armand Colin, 2018).