En 1932, Péri est désigné pour porter le drapeau du parti à l’élection législative dans la circonscription d’Argenteuil-Bezons. Il remporte cette bataille et devient député l’année où le PCF connaît ses plus mauvais scores. Le député se fait remarquer notamment par son travail au sein de la commission de l’Enseignement de la Chambre. Deux ans plus tard, il siège à celle des Affaires étrangères, une fonction qui prend de plus en plus d’importance dans sa vie politique, lui qui s’était déjà signalé comme un passionné et un fin connaisseur des questions de politique étrangère.
Aux législatives de 1936 le PCF, avec 15,2 % des voix, gagne 62 sièges par rapport à 1932 et fait élire 72 députés. Ce succès est à inscrire dans sa nouvelle stratégie de large union antifasciste, union concrétisée dans le Rassemblement populaire. Péri manque de peu d’être réélu dès le premier tour. Il accède alors à la vice-présidence de la commission des Affaires étrangères.
La respectabilité est un maître-mot dans le PCF des années du Front populaire. Le militant se doit d’incarner un parti fort, combatif, mais aussi responsable et mesuré. Ce processus est visible jusque dans l’apparence vestimentaire. Maurice Thorez ne porte pas la casquette si typique de la classe ouvrière de ces années-là, mais le chapeau. « Interdit le port de la casquette et le débraillé. Chapeau et tenue soignée » se souvient Charles Tillon. Thorez, en mai 1936, accueillant les nouveaux députés communistes les incite à modifier leurs habitudes : ne pas porter la casquette lorsqu’ils revêtent l’écharpe parlementaire par exemple. Cette présentation de soi liée à la culture républicaine bat son plein. Le port du costume, encouragé par l’organisation est parfois une grande première pour le militant. Tel n’est certainement pas le cas pour Gabriel Péri, qui affiche depuis des années un style « dandy » assez détonnant dans son environnement politique.
Le PCF joue sur la nouveauté de ses députés. Hommes simples, issus du peuple, ils doivent s’écarter de l’image du politicien professionnel et incarner le tribun du peuple sorti de ses rangs. Quand bien même de strictes consignes d’apparence sont données, celles-ci n’empêchent pas la mise en scène d’un amateurisme bon enfant (ici dans le magazine illustré Regards) : Martha Desrumeaux, l’ouvrière du Nord, « apprend » au député Péri à vêtir correctement l’écharpe républicaine.
Les députés communistes sont présentés comme les porte-paroles des revendications populaires face aux difficultés de la période. Le parti se veut le garant de l’application du programme du Rassemblement populaire. Incarnant le « ministère des masses », selon la formule de Vaillant-Couturier, il cherche à maintenir l’unité des forces antifascistes tout en critiquant les « pauses » et les reculs, tant sur le plan économique et social que sur celui de la politique extérieure.