La Fondation est partenaire des Deuxièmes rencontres d’histoire critique, organisées par l’Université populaire des Hauts de Seine et la revue Cahiers d’Histoire.
L’événement s’est tenu à Gennevilliers (93) les 25 et 26 novembre 2011.
Durant deux jours ont eu lieu projections, débats, rencontres, spectacles et ateliers sur le thème « être d’ici et d’ailleurs », avec la participation d’historiens, d’éditeurs et d’associations.
Le compte-rendu de Nicolas Devers-Dreyfus dans l’Humanité du 5 décembre 2011:
À l’ouverture, le maire, Jacques Bourgoin, accueille les participants. Acteur passionné de l’aventure de l’université populaire, il est concerné au premier chef, porteur du riche et parfois douloureux passé de Gennevilliers lorsque ses nombreux citoyens immigrés eurent à subir les épreuves de la décolonisation, victimes des braises attisées d’un racisme sur lesquelles soufflent encore des vents mauvais. Mais ville où se construisent en permanence, dans ses quartiers et ses usines, des solidarités métissées. Marie-Claude Lhuillier, historienne et Gennevilloise de toujours, l’une des chevilles ouvrières des Rencontres, en présente les enjeux. Anne Jollet, rédactrice en chef des Cahiers d’histoire, souligne la faiblesse de la parole des historiens dans le débat public, à l’heure où le mur érigé autour de l’Europe produit tant de souffrances. Les ateliers du samedi témoignent de la richesse et de la diversité des études conduites par une pléiade de chercheurs.
Devenir citoyen. Être l’étranger dans la cité. Racines, être d’ici et d’ailleurs. Quelle histoire en France aujourd’hui ? Étrangers dans les luttes sociales et les révolutions. Femmes et étrangères. Identité, minorités, racisme.
Vient le témoignage sensible, émouvant de Bernard Cavanna, directeur de l’École nationale de musique de Gennevilliers, qui raconte les difficultés et les bonheurs de l’enfance d’un petit Rital.
Hakima Laala, sociologue de l’université de Mohammedia (Maroc), livre un regard personnel et savant sur le ressenti des femmes immigrées de France et celui d’actrices d’une société en mouvement au Maroc. Serge Wolikow propose une brillante mise en perspective historique en mettant le focus sur un élément d’histoire souvent occulté : les luttes communes des travailleurs français et immigrés dans les entreprises comme facteur d’intégration. Reliant luttes d’hier et combat courageux des modernes travailleurs sans papiers, ce rappel suscite des témoignages de la salle.
La projection du film Étranges Étrangers (1970) fait choc. Marcel Trillat explique les conditions dans lesquelles, il y a quelque quarante ans, avec Frédéric Varliot, ils dénoncent par l’image les conditions de vie ignobles et l’exploitation des travailleurs immigrés. Gros plans sur les taudis, irruption sur un chantier du bâtiment et interview surprise de Francis Bouygues, vingt-sept ans avant qu’il n’achète TF1 !