Alain Obadia,
Président de la Fondation Gabriel Péri
C’est avec une grande émotion que nous avons appris la disparition d’Antoine Casanova.
Antoine était l’un de ceux qui contribuaient le plus au travail de la Fondation Gabriel Péri et cela depuis sa création.
Il nous apportait sa réflexion, toujours profonde et exigeante, ses connaissances qui étaient immenses, sa volonté de développer les échanges d’idées et d’analyses avec les milieux les plus divers toujours dans le respect de l’autre.
Il nous apportait aussi sa gentillesse, son esprit, son humour et l’accent corse qui témoignait de son enracinement dans sa terre natale.
Historien, Antoine était un des grands intellectuels communistes de notre pays.
Il a toujours veillé à ce que le travail intellectuel, avec l’échange et le débat qui en sont les corollaires, puisse s’épanouir au maximum. Il l’a fait pendant des années en étant l’un des principaux animateurs de la Nouvelle Critique puis en dirigeant la revue la Pensée dans l’esprit d’ouverture qui le caractérisait. Il l’a fait également dans ses responsabilités de dirigeant du Parti communiste français au sein des milieux intellectuels, de la culture et de la recherche. Il avait par ailleurs tissé des relations d’une qualité particulière avec les institutions religieuses en réfléchissant au rôle des religions dans la société.
Notre Fondation lui doit beaucoup. Elle continuera d’intervenir dans le champ du débat d’idées en s’inspirant de son apport immense.
Pantin, le 11 octobre 2017
Claude Gindin
Directeur de La Pensée
« C’était un grand esprit, enraciné dans le terreau de la Corse plébéienne, républicaine et résistante de ses origines et mû par une conscience vive des grands enjeux du monde. De sa pratique d’historien, de ses lectures étendues, de son expérience politique, il tirait une capacité à mettre en perspective, à l’échelle de l’histoire humaine, les mutations de notre temps, leur portée, leurs risques et leurs potentialités. Il avait un sens aigu de ce que sont les affrontements de classe d’aujourd’hui. Là étaient les fondements de son engagement communiste. Dans le prolongement de l’inspiration qui avait présidé en 1939, avec le soutien du Parti communiste français, à la création de La Pensée, « revue du rationalisme moderne » selon son sous-titre d’alors, il s’est attaché, au long des décennies où il a dirigé cette revue, à y faire toute leur place aux grandes questions de notre temps et à nourrir la réflexion de celles et de ceux qui ont à cœur l’émancipation humaine dans toutes ses dimensions. »
Antoine Casanova nous a quittés (Pierre Laurent – PCF)
« Les révolutions sont des révolutions sociales qui s’enracinent dans le développement de profondes contradictions et de malaises devenant explosifs au sein des nations et des sociétés » Antoine Casanova, « Napoléon et la pensée de son temps. Une histoire intellectuelle singulière » (2000)
Antoine Casanova nous a quittés. Il était un des grands intellectuels communistes de notre pays. Historien, Il a travaillé sur les voies de passage du féodalisme au capitalisme, sur la Révolution, sur l’histoire sociale et politique de la Corse où il était né, et sur Napoléon Bonaparte. Il était aussi un connaisseur averti et respecté de l’Église catholique, en particulier de son histoire depuis le concile Vatican II.
C’est dans un esprit d’ouverture qu’il a animé « La Nouvelle Critique » avec Francis Cohen dans les années soixante-dix, puis qu’il a dirigé « La Pensée » de 1978 à 2014.
Spécialiste de la Révolution Française, il aimait vivre à Versailles près de la salle du Jeu de paume et du palais. Il en fut pendant de nombreuses années un élu d’opposition, vigoureux, reconnu et respecté de la droite versaillaise.
Antoine Casanova a fait profiter au collectif communiste son savoir, sa pensée singulière. Membre du comité central du PCF, de son bureau politique, Antoine a été de tous les combats pour l’émancipation humaine, pour que son Parti soit à la hauteur des enjeux de notre temps. Dans le cadre de ses fonctions, il a beaucoup travaillé afin de construire des échanges fructueux, passionnants avec le monde des croyants y compris parmi des membres de la hiérarchie catholique. Il défendait l’idée de Jaurès d’ « une laïcité de l’égalité » qu’il a fait partager, notamment en 2005, dans de très nombreuses conférences lors du centenaire de la loi de séparation des religions et de l’État.
Antoine c’était aussi l’amour de son île, la Corse. Il en a gardé l’accent, et aimait partager sa culture, ses spécialités culinaires et les joies de la montagne et de la mer.
A sa fille, Michèle, à ses proches, je tiens à leur exprimer en mon nom et celui des communistes mes condoléances les plus sincères. Nous partageons votre chagrin. Nous garderons un beau souvenir d’Antoine, qui nous laisse en héritage une pensée pénétrée des grands apports de Marx, exigeante et créative.
Patrick Apel-Muller
Directeur de la rédaction de l’Humanité
« Antoine avait su porter haut la rigueur de l’intellectuel, de l’historien dont j’avais apprécié les cours à l’université, la patience du chercheur reconstituant une société autour des moulins, le courage d’un engagement déterminé et ouvert à la pensée des autres, un goût des autres qui en faisait un ami précieux. Je vis sa disparition comme une grande perte personnelle. »
Fabienne Pourre
Très triste. Antoine Casanova n’est plus. Des années de travail avec lui lorsqu’il était responsable « aux intellectuels » comme on disait alors.. Les souvenirs affluent.. les drôles lorsqu’il parlait du fatum antique le geste de la main au dessus de la tête faisant tourbillon… le coup de coude pour parler de la Corse et l’apprentissage de la religion car je n’y connaissais rien. Un homme, plein d’humanité parfois il paraissait professeur Nimbus et c’est pour cela aussi qu’on l’aimait …Il était un très grand homme de culture, d’intelligence. Il m’a beaucoup appris en fait j’ai eu de la chance.
Claude Mazauric
Historien
« Le décès d’Antoine Casanova me plonge dans une lourde peine. Nous perdons (et je perds) avec lui un grand intellectuel et un ami fidèle. Anthropologue et historien, Casanova laisse une œuvre riche d’hypothèses et de recherches inoubliables, en grande partie consacrées à son île majestueuse dont il a exploré l’histoire et les structures territoriales, à la fois en très longue durée et dans l’immédiateté de l’événementiel. En lui convergeaient le fruit des enseignements fondamentaux, de Marx évidemment, mais aussi ceux de Pierre Vilar (son maître) et Emilio Sereni, de Agulhon, Hobsbawm et Soboul, de Braudel et Leroy-Gourhan. Observateur minutieux du monde catholique, il avait subtilement analysé son déclin structurel au XXe siècle mais aussi les germes d’un renouveau conjoncturel et planétaire qui paraît fleurir aujourd’hui avec le pape François. Directeur de revue, il essaya naguère, notamment avec François Hincker, de sortir La Nouvelle critique de l’ornière stalinienne, mais, plus récemment, contribua avec succès à redonner hauteur de vue et autorité morale à la revue La Pensée. Membre de la direction du Pcf, il sut un temps, retisser des liens solides avec beaucoup de ceux qui s’en étaient détachés mais en sachant n’embrigader personne. Je garde un riche souvenir de nos échanges fraternels, notamment à l’époque du bicentenaire de 1789. Salut attristé à sa mémoire ! »
Hommages sur le site de l’Humanité