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3 – Un projet qui se construit dans la Résistance

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Un projet qui se construit dans la Résistance

1944 : le programme du CNR

Sous l’Occupation, le cabinet du ministre du Travail René Belin, ancien dirigeant de la CGT, reprend des projets de la fin des années 1930. Par la loi du 14 mars 1941, il crée une allocation aux vieux travailleurs salariés, premier régime de retraite par répartition. Toutefois, les historiens ont bien montré les limites structurelles de ce système : rendu nécessaire par les échecs répétés de la capitalisation, il vise avant tout à légitimer socialement le régime de Vichy et à lutter contre le chômage, en libérant le marché du travail des plus âgés.

De leur côté, les forces de la Résistance font un bilan critique de l’ancienne législation sociale, tout en condamnant la politique paternaliste de Vichy. Réunies au sein du CNR, elles s’accordent sur un programme commun, publié le 15 mars 1944. « Les Jours heureux » prévoient notamment :

« un plan complet de sécurité sociale visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État ».

Le programme du CNR, 1944 © BMP/Pandor.
Louis Saillant lors d’un rassemblement du CNR au vélodrome d’Hiver, Paris, 7 octobre 1944 © DR | Mémoires d’Humanité/AD93

La portée de ce texte est très importante. Traduction d’un consensus au sein de la Résistance, il passe cependant sous silence les désaccords. Louis Saillant, de la CGT réunifiée, avait d’abord présenté un programme en septembre 1943 qui revendiquait une « amélioration de la loi sur les assurances sociales ». C’est toutefois le texte proposé en novembre par le communiste Pierre Villon, représentant du Front national (mouvement de résistance initié par le PCF), qui sert de base pour l’accord final. Concernant la sécurité sociale, son projet était hostile à la cotisation ouvrière, préférant un financement par l’État pour ne pas rogner davantage les salaires.

Après une série de modifications, le programme finalement adopté remet à plus tard la question du financement, de même que celle de la gestion des caisses.

Discours d’Ambroise Croizat en hommage aux fusillés, sans date © DR | IHS CGT Métallurgie

FOCUS

Les débats autour de la protection sociale au sein du CNR
Les débats autour de la protection sociale au sein du CNR

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Par Léo Rosell. La Sécurité sociale est l’une des mesures les plus emblématiques du programme du Conseil national de la Résistance (CNR). Ce programme, élaboré dans la clandestinité, dévoile ce qui fait alors consensus parmi les forces politiques et mouvements représentés dans le CNR. À défaut d’un parti unique de la Résistance, comme l’auraient souhaité les résistants Pierre Brossolette et Jean Moulin, communistes, socialistes, gaullistes, chrétiens-démocrates et autres royalistes s’accordent…