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6 – Les bâtisseurs de la Sécu

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Les bâtisseurs de la Sécu

1946 : l’action de la CGT sur le terrain

La relation de confiance entre le ministre du Travail Croizat et les organisations ouvrières permet de comprendre la coopération efficace qui s’exprime entre les pouvoirs publics et le mouvement syndical. Le défi est d’autant plus grand que, des ordonnances d’octobre 1945 à la date d’entrée en vigueur prévue, le 1er juillet 1946, les bâtisseurs de la Sécurité sociale disposent d’à peine neuf mois.

La CGT se retrouve alors dans une situation hégémonique. La CFTC a en effet refusé de participer à la mise en œuvre de la législation, car elle s’oppose au principe de la caisse unique. 

Ambroise Croizat, ministre du Travail, reçoit une délégation de la CGT © DR | coll. IHS CGT Métaux

Le rôle central de la CGT se voit dès lors renforcé. La centrale doit désigner des militants dans les conseils d’administration des 138 caisses primaires de Sécurité sociale et des 111 caisses d’allocations familiales. En plus de se former à leurs futures tâches, ces « hussards rouges de la Sécurité sociale » doivent trouver des locaux, immatriculer les nouveaux assurés et se préparer à percevoir les cotisations des assurés et des employeurs. 

L’enjeu est immense : il s’agit de démontrer « toutes les capacités de gestion de la classe ouvrière », d’où l’importance de garantir la bonne gestion financière des caisses. La CGT publie des brochures pour accompagner les responsables dans leur tâche.

Le 24 juin 1946, elle est aussi à l’initiative de la création d’une Fédération nationale des organismes de sécurité sociale (FNOSS), qui doit unifier l’action des caisses. Le 1er juillet 1946, date d’entrée en vigueur du nouveau système, plus de 80 % des caisses primaires de Sécurité sociale sont dirigées par un représentant de la CGT !

Face à la réussite de la mise en place des caisses à la date fixée, Henri Raynaud, président de la FNOSS, exprime sa fierté devant la direction de la CGT : 

« Oui, camarades, c’est un chant de victoire pour la CGT que nous avons le droit de chanter […]. Une telle transformation administrative et sociale accomplie en 6 mois est sans doute un fait sans précédent dans notre pays. »

Discours d’Henri Raynaud, sans date © DR | Mémoires d’Humanité/AD93