« Défaire méthodiquement le programme du CNR »
30 ans de luttes
(1995-2025)
« Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. […] Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! »
Dans cet éditorial de Challenges paru en 2007, Denis Kessler, vice-président du MEDEF et président de la Fédération française des sociétés d’assurances, décrivait le modèle social français comme dépassé et incompatible avec le contexte économique du XXIe siècle. Ce modèle social serait un luxe que l’on ne pourrait plus assumer dans la compétition mondiale, car il pèserait trop dans le « coût du travail ».
Réforme Fillon de 2003, réforme des régimes spéciaux de 2008, réforme Wœrth de 2010, réforme Touraine de 2014, réforme avortée de Macron en 2020, réforme Borne de 2023… Tant de dates qui illustrent ce détricotage méthodique par des gouvernements d’orientation libérale. La fiscalisation du financement de la protection sociale progresse à mesure que les exonérations de cotisations sociales se multiplient pour augmenter les marges de profit des entreprises.
Du côté des assurés, de plus en plus contrôlés et infantilisés, le reste à charge voire les déremboursements de soins et de médicaments renforcent le non-recours aux prestations. Il faut travailler toujours plus longtemps pour espérer obtenir une retraite à taux plein, tout en étant de plus en plus précarisé en cas de recours aux allocations-chômage. In fine, l’objectif est de réduire la sécurité sociale à un niveau minimal de prestations garanties par la solidarité nationale, le reste relevant de la capitalisation et des assurances privées mises en concurrence. C’est le retour au dogme libéral de la responsabilité individuelle face aux aléas de la vie.
Manifestation à Toulouse contre la réforme des retraites (2011),
© j_bg | flickr
Mobilisation contre la réforme des retraites, 2023 © Corentin Lahu
Malgré les oppositions massives, les gouvernements passent dorénavant en force en recourant à l’article 49 alinéa 3, comme ce fut le cas en 2020, en 2023 et pour l’adoption du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour l’année 2025. L’ampleur des mobilisations sociales – et leur soutien populaire – contre ces réformes régressives témoigne de l’attachement de la population à son modèle social qui n’a cessé de prouver son efficacité depuis 1945.