Par Léo Rosell. Les élections sociales sont organisées dans un contexte extrêmement conflictuel, qui témoigne d’un fort anticommunisme, à la veille de la guerre froide. La liste de la CFTC s’oppose à « l’arbitraire unification étatique qui prépare la voie du totalitarisme. » Le 24 avril, dans L’Humanité, Henri Raynaud cible à son tour « la CFTC, qui prend ses ordres au Vatican et qui, après avoir refusé de participer à la gestion provisoire de la Sécurité sociale depuis le 1er juillet 1946, veut, par le retour aux caisses d’affinités, pouvoir utiliser cette législation à sa propagande confessionnelle. »
L’Église participe activement à cette campagne. Lors de la messe du dimanche 20 avril, ordre est donné de lire un communiqué incitant les fidèles à aller voter le 24 avril en leur indiquant « quelles sont les diverses listes leur offrant la garantie d’une gestion impartiale et humaine de la sécurité sociale ». La direction de la CFTC demande même que soient distribués des tracts à la sortie de l’office.
Dans ce contexte, La Voix des Métaux, le mensuel de la Fédération des Métaux de la CFTC, résume en avril 1947 : « Il y a certes deux conceptions de l’organisation future de la Sécurité Sociale, mais il y a plus que cela, il y a deux conceptions de vie : La première est de tendance marxiste, elle est autoritaire, pour ne pas dire… totalitaire. L’autre est chrétienne, elle respecte la dignité du travailleur et les libertés essentielles auxquelles il est attaché. »
Une affiche éditée par la CFTC reprend les mêmes éléments de langage, dénonçant encore la « solution marxiste – c’est-à-dire : socialisation du pays, soumission de tous les français à une CGT inféodée au parti Communiste. » Un tract interpelle quant à lui directement les électeurs : « Allez-vous abandonner cette gestion à la majorité communiste agissante de la CGT ? qui appuyée par le Ministre Communiste Croizat a déjà noyauté les premiers Conseils et pris la présidence de la FNOSS […] par H. Raynaud, Membre du Comité Directeur du Parti Communiste. »
