Octobre-décembre 2019
En 2013, Mateo Salvini s’est emparé de la Ligue du Nord, formation régionale ultradroitière, et à l’occasion des élections législatives de mars 2018, il en a fait la Lega (la Ligue) qui se présente et se comporte comme un parti implanté dans toute la Péninsule. Depuis, un vent mauvais souffle sur l’Italie et relance des souvenirs des années vingt du siècle dernier. Avec 17,35 % des voix obtenues à ces législatives de 2018, cette Ligue a distancé de 3 points Forza Italia de Silvio Berlusconi, le magnat des médias qui, déjà fortement à droite, dominait la vie politique italienne depuis 1994. Les européennes de mai 2019 lui en ont donné 34 % et Salvini affiche sa volonté de capitaliser sur ce score. Le 8 août dernier, sa Ligue est sortie de la coalition gouvernementale qu’elle formait avec le Mouvement Cinq Étoiles (M5S). Son chef prétendait provoquer des législatives anticipées mais le Parti démocrate (PD), formation de centre gauche, et le M5S, qui numériquement dominent le Parlement national, se sont unis pour lui faire obstacle. En octobre, le renouvellement du conseil régional de l’Ombrie, petite région centrale d’à peine 900 000 habitants, a montré que le « Tout sauf Salvini » ne marche pas. Le PD n’a été crédité que de 22,3 % des suffrages contre 35,8 aux régionales de 2015, le M5S n’a obtenu que 7,41 % contre 14,6 quatre ans plus tôt, tandis que, dans le même temps, la Ligue à la tête de la coalition de droite est passée de 22,9 à 36,9 % et que les postfascistes des Fratelli d’Italia ont progressé de 6,2 % à 10,4 %, la Forza Italia de Berlusconi ayant reculé de 8,5 à 5,5 %. L’Ombrie est le premier de ce qui reste des « bastions rouges » de la gauche italienne à tomber ainsi dans les mains d’une droite extrême de plus en plus radicalisée et autoritaire. Les villes de la région dirigées par le PD depuis 2015 et nationalement par le centre-gauche de Matteo Renzi avaient déjà été conquises par l’ultradroite. Petite région certes que l’Ombrie, mais scrutin significatif. Matteo Salvini et les siens préconisent de transférer aux régions riches qu’ils dirigent des compétences détenues par l’État central, ils veulent fragiliser la solidarité nationale et l’unité italienne née du Risorgimento et axent leur propagande sur le rejet de l’immigration et des immigrants. Avec succès à première vue..…
Lire la presentation du numéro 400
Sommaire
- Présentation
- L’Italie secouée par la recomposition de la droite, par Gaël De Santis
- Voci d’Italia. Impressions romaines – 2017-2019, par Sarah Bach
- L’Italie, du consensus antifasciste à la « Deuxième République », par Pierre Laroche
- Godard, Rosselini et le cinéma italien, par Emile Breton
- Marx en Italie au xxie siècle : état des lieux, par Vittorio Morfino, Didier Contadini
- Pauvreté : sortir de l’impuissance, par Jean-Christophe Sarrot
- 1908 : un triomphe de Jaurès (?), par Jean-Paul Scot
- Turgot : capitalisme versus royaume agricole, par Claude Morilhat
- Une remontée dans le temps aux sources du capitalisme, par Roland Pfefferkorn
- Psychiatrie, psychanalyse et communisme, par Franck Chaumon
- Pape François, cybercommunisme, #Metoo, par Patrick Coulon
- La bibliographie d’Antoine Casanova, par Claude Gindin
- Antoine Casanova dans ses œuvres, par Laure Lévêque, Manique Clavel-Lévêque
ISBN 9 782375 2604332, n°400 octobre-décembre 2019