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Saison 2015-2016

Saison inaugurale de cet espace de débats initié par la Fondation Copernic, la Fondation Gabriel Péri et Institut Tribune Socialiste, rejoints en 2017 par la Fondation de l’écologie politique, Fondation Pour un autre monde (PAM) et Espaces Marx.

Lire le manifeste fondateur «Discutons ensemble d’une politique de gauche» du 12 janvier 2016.

Six séances se sont tenues de janvier à juin 2016. Retrouvez les textes des interventions.

Séances

Face au chaos du monde, quelles issues ?

La première séance de ce séminaire a eu lieu le mercredi 27 janvier 2016 à 18h30 à la Maison des sciences de l’Homme Paris-Nord, avec comme intervenants Didier Billion, docteur en sciences politiques, directeur-adjoint de l’IRIS et Hassan Zerrouky, journaliste.

Le monde offre aujourd’hui le spectacle d’un magma chaotique. La « fin de l’histoire » théorisée par les idéologues néolibéraux qui, après la disparition du soviétisme, voyaient un monde pacifié par le marché et la démocratie s’est révélée en fait être le début d’une ère marquée par des conflits de plus en plus importants, multiformes, éclatés.

D’un côté, interventions occidentales, attentats terroristes et développement de l’intégrisme religieux, décomposition d’États, migrations massives, reculs sociaux considérables dans les pays les plus riches, montée de la xénophobie, risques sur les libertés. Mais de l’autre, processus démocratiques avec, par exemple les révolutions arabes ou l’espoir suite à la victoire électorale de Syriza – même si tout cela a subi un  coup d’arrêt – mobilisations citoyennes dans nombre de pays, espoir politique en Espagne ou au Portugal, résistance des Kurdes contre Daesh. Rien n’est donc joué.

Dans une situation où les repères traditionnels semblent avoir perdu toute pertinence, comment se situer, comment agir et dans quelle perspective ?

Intervention de Hassane Zerrouky

Faut-il démarchandiser ou démondialiser ? Caractéristiques du capitalisme contemporain

La deuxième séance de ce séminaire a eu lieu le mercredi 17 février 2016 à 18h30 à la Maison des sciences de l’Homme Paris-Nord, avec comme intervenants Frédéric Boccara, économiste, Maître de conférences associé à l’Université de Paris 13 qui fait partie du collectif d’animation de la revue « Economie et Politique » ; Catherine Lapierre, économiste, membre du secrétariat d’édition de l’encyclopédie du développement durable et Bernard Perret, ingénieur et socio-économiste, qui a publié : « Au-delà du marché. Les nouvelles voies de la démarchandisation » (Les Petits matins, 2015).

Le titre de ce débat vise à opposer, de manière volontairement frontale, deux approches qui structurent, de fait,  le débat actuel sur la conception des échanges internationaux – ce concept étant bien évidemment considéré dans son acception la plus large, bien au-delà du seul commerce international.

Devons-nous limiter ces échanges pour mieux nous protéger ? Devons-nous, à l’inverse les maintenir voire les développer mais dans un processus ayant pour but d’en transformer en profondeur les logiques et les règles ?

Nous avons, bien sûr, conscience – qu’en réalité –  la réflexion et l’action sur ce thème sont beaucoup plus complexes que ne le laisse entrevoir le titre du débat.
La notion de démarchandisation ne peut être prise au pied de la lettre. L’échange utile de marchandises est loin d’avoir épuisé sa pertinence historique.

En revanche, la domination des marchés financiers, leur logique de maximisation du profit, de mise en concurrence sauvage de la force de travail sur l’ensemble de la planète, au détriment des peuples et des équilibres écologiques sont au cœur du sujet. Il en est de même de la question des biens communs et de leur gestion solidaire.

De surcroît, le concept de relocalisation des productions et des logiques d’échanges peut être considéré des deux points de vue pourtant opposés par le titre.

Enfin, nombre d’enjeux concrets traversent le débat. Citons à titre d’illustration : les grands accords de libéralisation du commerce mondial (Tafta et Transpacifique par exemple), la nature de l’OMC et les règles qu’elle établit depuis des décennies, le dogme du libre-échange considéré comme le vecteur du mieux-être des peuples, les nouvelles règles et financements à établir pour la gestion des biens communs de l’humanité…

Intervention de Catherine LAPIERRE

Crises et espérances de la démocratie

La troisième séance de ce séminaire a eu lieu le mercredi 16 mars 2016 à 18h30 à la Maison des sciences de l’Homme Paris-Nord, avec comme intervenants Emmanuel Terray, anthropologue, directeur d’études de l’EHESS ; Michèle Riot-Sarcey, professeur émérite d’histoire contemporaine et d’histoire du genre à l’université Paris-VIII-Saint-Denis et Jacques Sauvageot (Institut Tribune Socialiste) qui animait le débat.

Le mot « démocratie » est un mot valise dont la détermination précise est aujourd’hui l’objet de batailles politiques et idéologiques. Étymologiquement c’est le pouvoir du peuple. Mais comment définir le peuple, comment son pouvoir doit-il s’exercer et dans quels cadres est-il possible ?

Quelles sont les conséquences de la globalisation du capital sur la souveraineté populaire alors même que le néolibéralisme vise à écarter du débat public et de la décision citoyenne ce qui relève des politiques économiques et sociales ? La souveraineté populaire est-elle possible à l’époque de la mondialisation, de la globalisation du capital, quand le président de la Commission européenne, Jean-Claude Junker, affirme à propos de la Grèce « Il ne peut avoir de démocratie contre les traités européens » ?

Pourtant les aspirations à la démocratie sont aujourd’hui bien vivantes ; elles  se manifestent dans de nombreux pays, dans tous les domaines, sous des formes multiples. Comment peuvent-elles se développer, subvertir les cadres institutionnels, sur quelles perspectives…

Intervention d’Emmanuel Terray

L'Europe : obstacle ou opportunité ?

La quatrième séance de ce séminaire a eu lieu le mercredi 13 avril 2016 à 18h30 à la Maison des sciences de l’Homme Paris-Nord, avec comme intervenants Catherine SAMARY, économiste, Daniel CIRERA, spécialiste des questions internationales et européennes, Alexis CUKIER, philosophe, et Alain OBADIA (Fondation Gabriel Péri) qui animait le débat.

L’Europe est omniprésente dans le champ politique. Au cours des dernières années, avec la crise de l’euro et le renforcement de la « gouvernance »  européenne, elle a mis en coupe réglée des sociétés entières allant jusqu’à provoquer de graves crises humanitaires comme en Grèce.

Dans l’esprit du traité de Lisbonne, les autorités européennes promeuvent la « concurrence libre et non faussée ». Cela conduit à rationner et à faire reculer les services publics et à toujours étendre le champ de valorisation du capital.

Au plan démocratique, l’Europe souffre de carences lourdes : son droit s’élabore dans l’opacité ; les élections au parlement européen sont marquées par un abstentionnisme massif ; la politique monétaire, levier décisif, est soustraite à la délibération démocratique et est l’apanage d’une banque centrale indépendante étroitement connectée aux marchés financiers.

Pour la gauche, l’Europe est un défi. La volonté originelle de rapprocher des peuples que l’histoire a souvent séparés ne peut que rencontrer son approbation. Mais les politiques concrètes sont à l’opposé de ses valeurs. Que faire ? L’Europe peut – elle être réorientée ? Est – elle un échelon pertinent de l’exercice de la souveraineté populaire ? L’euro doit – il être transformé, amendé, abandonné ? Ce sont quelques – unes des questions auxquelles les réponses divergent parfois au sein même de la gauche de transformation sociale.

Catherine Samary nous a fait parvenir un lien vers un article très similaire à son intervention, publié dans l’ouvrage collectif  « Europe l’expérience grecque – le débat stratégique (Editions du Croquant).

Intervention d’Alexis Cukier

Penser autrement la question du développement

La cinquième séance de ce séminaire a eu lieu le 15 juin 2016 à la Maison des sciences de l’Homme Paris-Nord, avec

  • Jade LINDGAARD, journaliste à Mediapart
  • Guillaume DUVAL, rédacteur en chef d’Alternatives économiques
  • Alain OBADIA, président de la fondation Gabriel Péri

Pour la plupart des politiques et des économistes, la croissance, c’est-à-dire le développement, permettra de réduire la pauvreté et les inégalités, de renforcer la cohésion sociale. Pourtant la multiplication des crises, l’accroissement continu des inégalités, nous montrent bien que l’émancipation humaine n’est pas liée à ce qu’il est convenu d’appeler « croissance » ou « développement ».

Face aux dégâts qu’entraîne le productivisme, dégâts sociaux et écologiques notamment, certains évoquent une croissance verte ou un développement durable, voire une décroissance.

N’est-il pas temps, en réalité, de penser à de nouveaux objectifs, à de nouveaux droits sociaux, fondés non sur l’accroissement continu de la production de marchandises mais sur une nouvelle définition des biens et services communs nécessaires au bénéfice de tous ?

Intervention d’Alain Obadia